Michel Rocard dans libé le 5 février
Il existe à l’Assemblée nationale un registre appelé le «Barodet», la reliure depuis le début de la IIIe République de toutes les professions de foi des candidats élus. C’est dans le Barodet qu’on a lu par exemple les tracts délirants de Mitterrand en 1945, qui étaient d’un anticommunisme et d’un réactionnaire exacerbés. Le Barodet est la compilation de toutes les bêtises dites à l’occasion des campagnes présidentielles(...) Mais, cette fois, c’est plus grave. C’est une chose de dire des bêtises gentilles quand la nature a bon dos et que la France est en bonne santé. Aujourd’hui, les menaces sont d’une gravité inhabituelle. Nous ne nous sommes jamais trouvés dans une situation aussi dangereuse depuis bien des décennies. Nous devons faire face à l’effet de serre, à la menace de l’explosion des bulles financières, mais aussi à l’incapacité à sortir de la stagnation et d’un chômage qui continue à croître, sans oublier l’explosion de la précarité et une vraie menace de guerre au Moyen-Orient.
Pierre Marcelle dans la page rebonds de libé du 9 mars
En cette fin de règne qui prend tous les jours la forme d’une tragicomédie dont le héros sans cesse balancerait entre les rôles de Néron, du Père Ubu et du Dr Folamour, donc, l’épilogue se dessine dans les soubresauts névrotiques d’un discours fascisant, tout à la fois contraint et désiré, mais asséné comme unique va-tout. Un discours qui, sous ses slalomantes dénégations, instaure dans les consciences l’inégalité des droits, des «civilisations» et, in fine, des êtres humains. Lorsque Sarkozy aura été battu, lorsque son parti aura implosé dans de naturelles épousailles avec le Front national, il restera à subir la crise et à relever la République en la faisant sociale. Et, à cette fin, contre la guerre économique entre les Etats-nations, se résoudre à considérer sérieusement qu’une autre Europe est non seulement possible, mais nécessaire.
Le figaro.fr du 9 mars
INTERVIEW - Deux universitaires français ont mis au point une méthode de calcul qui permettrait de déterminer le vainqueur de la prochaine échéance électorale. Ayant déjà prédit le résultat de plusieurs élections, ils annoncent la victoire du président sortant.
Nicolas Sarkozy réélu avec 50,3% des voix. Tel est le résultat du calcul opéré par deux universitaires français. Selon une équation basée sur la popularité, l'évolution du chômage et le comportement des électeurs dans les élections passées, Bruno et Véronique Jérôme prévoient la victoire du président sortant d'une courte tête. Bruno Jérôme explique les principes qui régissent ce mode de calcul utilisé pour la première fois lors des élections législatives de 1993.
Commentaire Giher : espérons qu'ils n'ont pas oublié d'intégrer à leurs calculs l'âge du capitaine et la longueur de ses bretelles !
Jean-Louis Nadal ancien procureur général près la Cour de cassation ( dans le nouvel obs :
"J'ai été magistrat pendant quarante-quatre ans. j'ai vu, compris beaucoup de choses. Aujourd'hui, libéré de mon obligation de réserve, j'ai choisi de dire ma vérité. On nous avait promis la rupture ? Elle a bien eu lieu : on a rompu effrontément avec les principes fondateurs de notre justice républicaine. Désormais, la situation s'est tellement dégradée qu'il faut s'atteler à la restauration de l'État de droit. Le chantier est immense."
Edwy Plenel dans Médiapart du 9/3/2012
Au soir du 6 mai, nous saurons si c’en est bien fini de cette présidence de dégradation nationale. Mais il ne suffira pas de tourner la page Sarkozy pour se débarrasser de tout ce qu’il laissera en héritage. L’enjeu de cette élection dépasse la seule sanction d’un homme au bilan désastreux : saurons-nous relever la France du marécage où elle est embourbée ? Saurons-nous saisir cette occasion historique : transformer une alternance électorale en alternative démocratique ?