À quoi je pense ce matin ? À tous les hommes qui restent tranquilles sans tirer sur leur laisse et à ceux qui cherchent à la ronger. Je crois que décidément j'ai toujours fait partie de la deuxième catégorie. De ceux qui ne peuvent se contenter du monde tel qu'il est, qui ne peuvent se contenter de s'y accommoder, de s'y résigner comme le font ceux du "à quoi bon", ceux du " on sait ce qu'on a , on sait pas ce qu'on aura " ceux qui pensent qu'il n'y a pas plusieurs modes d'emploi de la vie et que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Les "réalistes". Ceux qui disent qu'ils ne sont ni de droite, ni de gauche, ce qui est une bonne façon de repérer qu'ils sont de droite. Ceux qui n'aiment ni les vagues ni le mouvement. Ceux qu'Étienne de La Boétie dans son discours de la servitude volontaire décrivait ainsi :« Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. » Honnêtement, je préfère à ceux-là les indignés, les révoltés, ceux de Tunisie que Michèle Alliot-Marie voulait mater grâce à notre savoir-faire reconnu dans le monde entier, ceux d'Égypte, ceux de Florange, ceux de Gandrange, ceux qui n'acceptent pas ce Bachar El Hassad l'assassin de son peuple que nous avons reçu au défilé de ce 14 juillet dont nous sommes si fiers, qui n'acceptent pas ce Tsar Poutine, ce dévoyeur de constitution, ce cynique absolu, ce pourrisseur de démocratie, qui fait un doigt d'honneur au monde entier, et qui continueront de descendre dans la rue, pour qu'une flamme, une toute petite flamme reste allumée . "Changer la vie" disait Rimbaud. Avoir les pieds sur terre et la tête au-delà des nuages. Considérer que le mot "Utopie" n'est pas un gros mot qui devrait être banni du vocabulaire, mais un mot magnifique, aussi beau que le mot "Émancipation" , qui exprime une idée, une aspiration à plus de liberté, d'égalité et de fraternité, de fierté d'être humain, malgré la réalité quotidienne qui nous empoigne par le fond du froc pour que l'on ne voit pas se qui se passe hors de la caverne de Platon. Parce que sinon on ne saurait pas où l'on irait, ce serait forcément le bordel ; forcément. Pourtant " Utopie" et "émancipation" sont deux mots qui expriment de l'espoir, deux mots beaucoup plus beaux que le mot "répression" qui pour certains est la panacée universelle qui doit régler tous les problèmes, malgré les faits quotidiens qui, dit-on, sont terriblement têtus, et qui infirment cette folle certitude. Voilà à quoi je pense ce matin. Je vais aller promener mon chien, qui n'aime pas trop les laisses non plus, mais règlement oblige. Après je le lâcherai dans mon "immense" propriété sans clôture ! Je vais respirer à fond. Après ça ira mieux.