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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 18:25

Je ne sais pas s'il vous arrive de lire des extraits du rapport de la cour des comptes, mais ça vaut le coup.Elle a un rôle de contrôle des comptes,  d'analyse des politiques publiques et de conseil. Mais ne peut formuler aucune sanction . En conséquence. La cour des comptes dit, le gouvernement répond et se justifie et chacun rentre chez soi jusqu'à l'année prochaine.

Dans son rapport annuel on apprend des choses passionnantes. Par exemple que la contribution aux charges de service public CSPE qualifiée par le Conseil d'État du joli nom "d'imposition innommée" est incorporée à notre facture d'électricité sans y figurer, alors que normalement elle devrait se trouver dans notre taux d'imposition et que ces charges "ont augmenté de manière incontrôlée depuis 2009 alors que le taux est inchangé depuis 2004 d'où un déficit en augmentation exponentielle ( 2,6Millions  € en 2010) " Ce qui forcément va se retrouver sur les facture à un moment ou  à un autre "S'agissant de l’insuffisance de la contribution au service public de 1'électricité, depuis 2009, par rapport aux charges à couvrir, la Cour souligne à juste titre la très forte progression des charges (+ 29 % entre 2004 et 2009), du fait notamment de la rapide montée en puissance des obligations d'achat de l'énergie photovoltaïque, à  des tarifs avantageux pour les producteurs. Cette progression des charges à couvrir a été sans commune mesure avec la progression de la CSPE censée les financer et dont le taux est resté inchangé depuis 2004 

EsT également stigmatisée la gestion calamiteuse de la campagne de lutte contre la grippe A. . La cour des comptes dénonce une stratégie vaccinale trop ambitieuse et non évolutive et indique que La mise en œuvre pratique de la stratégie de vaccination s’est appuyée trop exclusivement sur des centres ad hoc, a mobilisé un système de bons de vaccination peu efficace et a conduit à un gaspillage de ressources humaines dans les centres. La cour des comptes dénonce également une décision de lancement de la campagne prise sans révision de la stratégie. Bref 94 millions de doses achetées même si certaines livraisons ont été décommandées  et des stocks refilés à nos voisins, finalement 662,6millions d'euros dépensés pour pas grand-chose pour un prix de livraison des vaccins de 383 millions d'euros. au total, dit la cour des comptes le coût de la campagne de prévention contre la grippe A(H1N1) a été particulièrement élevé puisqu’il a atteint plus de 110 € par personne vaccinée. Le miracle, c'est que cette histoire n'ait pas particulièrement ému l'opinion.

La cour des comptes cible le peu d'équité de la prime pour l'emploi : " la prime pour l’emploi, ( est) une dépense fiscale aux objectifs de plus en plus confus. La PPE peut être versée à des ménages dont les revenus se situent nettement au dessus de la moyenne. A l’inverse, elle exclut les plus pauvres et les personnes en situation précaire au regard de l’emploi. Elle n’est donc pas bien adaptée du point de vue de la redistribution des revenus. Cette absence de ciblage ne lui permet pas non plus d’avoir un véritable effet incitatif au retour à l'emploi, son montant restant insuffisant malgré une forte augmentation. En outre une partie des salariés précaires et à temps partiels qui devraient être particulièrement incités au retour à l’emploi ne bénéficient pas de la mesure.

on apprend en outre ce que sont les dépenses fiscales : ce sont  des pertes de recettes directes résultant des dérogations fiscales. Elles sont parait-il considérables. Par extension, l’expression désigne, plus largement, les dérogations fiscales à l’origine de ces pertes de recettes. Il s’agit de dispositions législatives dérogatoires par rapport aux normes fiscales de référence. Les dérogations peuvent prendre des formes diverses : taux réduits d’imposition, exonérations, abattements sur le revenu imposable, déductions de charges, réductions et crédits d’impôts.Le terme "niche fiscale" est également utilisé pour désigner les dépenses fiscales. . Le coût des dépenses fiscales a augmenté de 43 % de 2004 à 2009, hors mesures de relance. S’il avait crû au même rythme que les recettes fiscales, le déficit de l’Etat serait inférieur de 27 Milliards d€.

parfois la cour des comptes se permet un trait d'humour un peu grinçant :, par exemple au sujet du musée national du sport : "En l’absence d’une réflexion stratégique sur sa nature et son devenir, le musée national du sport a présenté pendant la période récente la particularité d’être un musée public sans galeries permanentes, sans tutelle effective de l’Etat, sans personnel adapté, et finalement sans public, puis qu’il n’ est pas possible d’ accéder normalement à sa collection. ( 0,05 % des collections sont accessibles)

En revanche ne sont pas  stigmatisés les coûts provenant de ce qu'on appelle les "comités Théodule" par référence à une expression  gaullienne. C'est-à-dire des commissions ou instances consultatives placées directement  auprès du premier ministre et des ministres et qui  ont été créées en grande partie pour occuper les temps libres de quelques personnages de la république en stand -by. Le CAS Conseil d'analyse de la société dont Luc Ferry est le président délégué fait partie des comités Théodule. Bien sûr, sur les 697 structures de ce genre  certaines sont utiles et efficaces et d'autres de formidables planques rémunérées ou non mais qui offrent tout de même quelques avantages. Elles auraient coûté aux finances publiques en 2010 25 millions d'euros sans compter un certain nombre de dépenses non comptabilisées. Le plus connu et le plus recherché c'est le CESE, Conseil Économique , social  et environnemental organisme consultatif ( 3767 euros brut mensuels) qui comprend 223 conseillers censés se faire mousser la cervelle afin de conseiller le gouvernement et le parlement, contribuer à l'évaluation des politiques publiques à caractère économique social et environnemental et contribuer à l'information des citoyens. Afin d'éviter à certains commentateurs de ce blog de défourrailler leur durandal, je précise que toutes ces niches à glandeurs existaient déjà sous Chirac et Mitterrand qui en faisait un usage éhonté. Il avait nommé la veuve de coluche, l'humoriste Pierre Douglas, l'actrice Brigitte Fossey et la chanteuse Georgette Lemaire dans quelques unes de  ces officines. Malheureusement sous "la republique irréprochable", ça ne s'est pas du tout amélioré.

 

source : Rapport de la cour des comptes 2011. Nouvel observateur du 23 au 29 juin 2011

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 08:51

20 milliards d'euros de fraude à la sécurité sociale. Le chiffre impressionne et concentre nos regards vers ceux qui profitent de manière indue de la solidarité nationale et on imagine bien l'instrumentalisation qu'il est possible de lancer à partir d'une pareille information. Mais si l'on y regarde de plus près les choses méritent largement d'être tempérées. Le mieux c'est encore de donner les chiffres :

La fraude aux prestations sociales (RSA, allocations familiales, arrêt maladie) dit la cour des comptes, c'est 2 à 3 milliards d'euros, c'est énorme, mais ça représente moins de 1% des 400 milliards de prestations sociales versées chaque année. Sur ces 2 à 3 milliards 467 millions sont détectés et en grande partie récupérés et si c'est insuffisant c'est déjà ça mais ça pourrait s'améliorer. Cela dit on s'aperçoit de quoi ? Que l'essentiel de la fraude sociale est lié au travail au noir et aux cotisations sociales patronales et salariales. Ce qui représente entre 8 et 16 milliards d'euros. Alors, oui Haro sur les fraudeurs, mais sans se tromper de cible car  la principale on en parle beaucoup moins. On se demande bien pourquoi ?

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 17:58

L'actuel débat ( houleux) sur le mariage homosexuel rappelle que sur ce sujet l'opinion n'est toujours pas sereine.

En France, l'homosexualité a longtemps été considérée comme un délit condamnable par la loi. Ce n'est plus le cas. Cependant il semble clair à travers certains propos d'organisations catholiques ou de défense de la famille, en France ou ailleurs, que si elle n'est plus un délit  l'homosexualité  est toujours considérée par beaucoup comme une pathologie (1). C'est ainsi que le journal Allemand Der Spiegel rapporte que le Bunk Katholischer Ärtze (BKÄ : Union des généralistes catholiques) propose de remettre dans le droit chemin les gays et lesbiennes d'Allemagne en leur proposant " des outils homéopathiques pour juguler leurs penchants homosexuels" et plus précisément des granules de platine. Ceci devant bien entendu s'accompagner d'une psychothérapie et d'une assistance spirituelle. (2)

Il est de la nature même d'une religion ou d'une vérité révélée de considérer que la croyance de ceux qui la pratiquent sous-tend la soumission à une norme indiscutable valable pour tout le monde, issue de livres sacrés et de catéchismes dont on ne connait même pas l'auteur  et dont la particularité est d'avoir été collectivement écrits à travers  le temps par des gens qui souvent n'étaient même pas contemporains et qui avaient l'incroyable outrecuidance de penser qu'ils étaient inspirés par Dieu. Ceci est à la base de bien des malheurs.

Gare à toi pauvre humain si tes pulsions, tes goûts, des particularités physiques  font de toi un "anormal" qui n'entre pas parfaitement dans le moule des  certitudes  bien-pensantes des  gardiens du temple de l'intolérance,  convaincus que leur échafaudage moral est le bon. Étant par hasard hétérosexuel ce qui m'a permis de m'éviter quelques soucis dans la vie dues à l'intolérance sus-désignée, j'ai connu dans mon enfance un rejet suivi d'un rappel foudroyant à la norme lorsque mon instituteur s'est aperçu que j'étais gaucher. Ce qui en 1948 était parfaitement inacceptable ( 3). On ne m'a pas obligé à ingurgiter des granules homéopathiques pour me permettre d'éliminer cette terrible tare, mais en revanche on m'a formellement interdit d'écrire de la main gauche et obligé à utiliser la droite " comme tout le monde" avec coups de règle sur le bout des doigts et menace de m'attacher la main gauche dans le dos. Je suis donc un gaucher contrarié, qui fait tout de la main gauche sauf d'écrire. ce qui n'a pas été sans dégâts car quelques temps plus tard j'ai commencé à manifester des troubles de mémoire et je fus affligé pour un temps d'un bégaiement qu'il me fallut maîtriser. Ce qui ne fut pas de la tarte. mes parents n'ayant pas fait la relation de cause à effet entre mes troubles physiques et la répression dont j'étais victime, je dus me débrouiller  seul avec le problème.  Je suis aujourd'hui un gaucher "décomplexé" qui a une bonne mémoire, qui ne bégaie plus depuis son enfance et qui pose une question  à l'attention de l'Union des Généralistes Catholiques allemands (4) : existe-t-il des gélules homéopathiques contre la connerie ? Si oui, ils devraient s'en procurer, ils bénéficieraient sûrement de  tarifs préférentiels

 

(1) "Une aberration anthropologique" pour le désopilant député UMP  Christian Vanneste 

 

(2) source : Courrier international n°1076 page 63 

 

( 3) je croyais que cette pratique barbare était tombée depuis longtemps en désuétude, mais l'un de mes voisins m'a affirmé que sa fille âgée aujourd'hui de 20 ans a été victime de cette même incongruité à l'école dans son enfance et il fallut que son père ferraillât énergiquement pour que l'on foute la paix à sa fille.

(4) ne vous méprenez pas,  nous avons les mêmes

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 09:41

Disparition en Ardèche. Un important dispositif policier a été mis en place, 200 policiers, des hélicoptères et tout et tout. Il s'agit d'une adolescente de 17 ans , une joggeuse semble-t-il.

Chaque année 40 000 personnes disparaissent en France. Plus de 30 000 sont retrouvées. Reste un différentiel d'environ 10 000 disparitions inquiétantes  non élucidées. Imaginez, ce que serait le contenu de nos journaux si un pareil attirail policier et médiatique était mis en place pour chacune de ces disparitions ( L'un de mes fils a disparu pendant cinq ans, il n'a pas fait pour autant la une des journaux. Ceci permet de réfléchir un peu sur le contenu évènementiel des médias. Qu'est-ce qui conduit à se focaliser davantage sur cette disparition-là que sur d'autres ? Je serait enclin  à répondre : entre autres, un émotionnel fantasmatique. D'abord il s'agit d'une fille mineure soit en gros à peine 4,5% des disparitions non élucidées. On peut dire qu'il y a environ 450 disparitions de ce type par an et c'est tout à fait stable d'une année sur l'autre (1), Ça fait encore plus d'une disparition par jour. Ensuite il s'agit d'une joggeuse, mignonne en plus. C'est-à-dire une fille en tenue légère qui court seule dans les sous-bois ou dans les prairies désertes à la merci du premier prédateur venu. Situation qui laisse supposer la rencontre fortuite en Eros et Thanatos, ingrédients essentiels du crime sexuel qui passionne le public des tabloïds et active secrètement la testostérone de braves gens à la sexualité dite "normale", surtout en période de pénurie informative hexagonale où fleurissent les marronniers, sur le pouvoir des franc-maçons, la vérité sur le 11 septembre,  ou le dopage des sportifs de haut niveau. N'oublions pas non plus les bienfaits collatéraux,  pour la presse et certains politiques, d'une affaire de ce type : instrumentalisation de l'affaire à des fins politiques, débat sur l'irréductibilité de la peine du coupable quand on l'aura découvert,  sur l'efficacité du bracelet électronique, sur l'origine génétique ou non des pulsions du présumé coupable, sur son origine ethnique, sur le laxisme des autorités judiciaires, sur l'incapacité de la police etc... On peut en déduire sans que cela soit un scoop que le contenu d'un journal télévisé, ou d'un journal papier ou radiophonique est une construction aléatoire et subjective dont l'AFP ( agence France-Presse) est le pivot qui se présente ainsi :  "agence de presse mondiale fournissant une information rapide, vérifiée et complète sur les évènements qui font l'actualité internationale". Autrement dit, la presque totalité des informations contenues dans un journal quelle que soit sa forme provient de l'AFP. A partir de là s'opèrera un choix hiérarchique, et sera donnée une place, une importance à l'évènement qui devra sa dimension à l'idéologie des journalistes, à la tendance du journal,  à la culture de son lectorat  et à la hauteur de l'escabeau que l'on utilisera pour  jauger l'info. Ce qui fait que pour TF1 la vedette du journal pourra être les paniers en osier encore fabriqués à la main dans l'une de nos belles provinces,  ou le petit chat coincé dans  un arbre et libéré par les pompiers, alors que "Le monde" évoquera  la disparition de la joggeuse en trois lignes, et c'est même pas sûr, pour se fixer sur la dette de la Grèce et les moyens mis en œuvre pour régler ce sérieux problème et que d'autres interprèteront l'information de l'AFP sur la joggeuse en "supposant que" . On peut en déduire  que rares sont les journaux qui échappent au dictat de l'AFP et que inconsciemment les rédacteurs en chef, même si leurs idéologies diffèrent, se précipitent sur les rails qui leurs sont offerts. D'où l'importance et la nécessité du journalisme d'investigation qui en s'obstinant  à utiliser des chemins de traverse qui échappent à l'AFP  n'est évidemment pas en odeur de sainteté auprès des pouvoirs quels qu'ils soient. Au fait, On l'a toujours pas retrouvée la fille ?

( 1) le fait de focaliser l'attention sur une affaire de ce genre n'est pas neutre et a un  impact sur l'opinion , je vois sur facebook un message d'internaute (il y en a plein d'autres) : "mais ça va jamais s' arrêter !!!!!!!!!!! qu' est ce qui faut faire pour que ça cesse ! y en a marre et le mot et faible. Tous les jours y a une info sur une disparition enlèvement ou viol d' enfants !! y faut vraiment que ça finisse !!!!!!!!!! "

alors qu'en réalité, il n'y a pas plus de viols et de disparitions d'enfants qu'avant

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 17:29

Voici trouvé sur Médiapart, mais je pense qu'on peut le trouver ailleurs, le "J'accuse " d'un enseignant de primaire. On en discute quand vous voulez : 

Alain Refalo, «enseignant du primaire en résistance» et initiateur du mouvement des enseignants-désobéisseurs, adresse un réquisitoire cinglant à Luc Chatel, accusé malgré les 17.000 recrutements annoncés de «démanteler l'école publique».

 

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 puceinvite.jpgL'exigence de vérité commande de prendre à nouveau la parole pour mettre en accusation les fossoyeurs de l'école publique, au premier rang desquels celui qui a en charge le ministère de l'Education Nationale. L'annonce de l'embauche de 17 000 «enseignants» par le biais de Pôle Emploi, alors que 16 000 postes de titulaires sont supprimés révèle, une fois encore, la supercherie et l'imposture d'une politique misérable qui sacrifie une génération d'élèves sur l'autel des restrictions budgétaires et d'une idéologie des puissants qui ont programmé la mort du service public d'éducation. C'est désormais une évidence: ce ministère a renoncé à tous les principes éthiques et déontologiques qui lui assuraient une légitimité pour être la voix de l'Education Nationale.  

J'accuse le ministre de démanteler l'école publique en rayant de la carte 1 500 classes à la prochaine rentrée scolaire et en supprimant 16 000 postes d'enseignants, tout en privilégiant les embauches de personnes précaires non formées. 

J'accuse le ministre de mentir à l'opinion publique, aux parents d'élèves et aux enseignants en faisant croire qu'il est possible de faire mieux avec moins, en clamant que l'école publique remplira mieux sa fonction avec moins d'enseignants qualifiés et plus d'élèves en difficulté dans les classes.

J'accuse le ministre de conduire une politique éducative réellement assassine qui, par des «réformes» irresponsables, tue le métier d'enseignant, tue le désir d'enseigner, tue le plaisir d'apprendre et finalement tue l'école de la République.

 

J'accuse le ministre d'avoir rompu durablement, après les désastreuses initiatives de son prédécesseur, l'indispensable lien de confiance entre l'autorité hiérarchique, l'encadrement intermédiaire et les enseignants du primaire, lien de confiance sans lequel il est impossible de construire quotidiennement une école du progrès pour tous.

 

J'accuse le ministre de double langage sur le droit à l'innovation pédagogique dans les classes et les écoles: d'un côté, il l'encourage, forums institutionnels à l'appui, de l'autre il le brime en imposant des programmes rétrogrades, des évaluations nationales formatées et des dispositifs de «soutien» en trompe-l'œil qui ont pour effet de standardiser les pratiques des enseignants au mépris de la liberté pédagogique garantie par la loi.

J'accuse le ministre de non assistance à professeurs en danger lorsqu'il les laisse seuls et désemparés affronter incivilités et violences ou lorsqu'il fait peser sur eux un stress permanent via un management de la hiérarchie aux injonctions souvent contradictoires.

 

J'accuse le ministre de mépriser les jeunes enseignants lorsque, sans aucune formation pédagogique et professionnelle, il les envoie «désarmés» et à leurs risques dans «l'arène» de la classe, négligeant les conséquences pour leurs élèves.

 

J'accuse le ministre de refuser d'investir dans l'éducation à la non-violence dès l'école en préférant les mesures dites «sécuritaires» qui insécurisent durablement les personnels et les élèves car elles montrent chaque jour leur totale inefficacité.

 

J'accuse le ministre de mener une politique qui porte atteinte aux droits de l'enfant en autorisant le fichage informatisé des élèves dès la maternelle, par le biais du fichier Base Elèves et du Livret Personnel de Compétences, outils illégitimes et illégaux du contrôle social des populations.

 

J'accuse le ministre de vouloir influencer la jeunesse de ce pays en imposant à la rentrée prochaine le retour de la phrase de morale écrite sur le tableau noir ainsi que l'apprentissage et le chant de La Marseillaise, alors que c'est d'éducation citoyenne dont nous avons besoin pour construire l'indispensable vivre-ensemble pour une société réellement solidaire.

 

J'accuse le ministre de vouloir caporaliser les enseignants du primaire en exigeant leur obéissance inconditionnelle à des injonctions hiérarchiques qui constituent un reniement de l'éthique de leurs missions.

 

J'accuse le ministre d'ordonner aux inspections académiques de poursuivre les enseignants du primaire en résistance, de sanctionner les enseignants-désobéisseurs, tels François Le Ménahèze à Nantes, symbole remarquable de la résistance éthique et responsable aux dérives et mensonges d'une hiérarchie incompétente.

 

J'accuse enfin le ministre de se mentir à lui-même et de porter tort à la fonction qu'il occupe.

 

Nul ne saurait emprisonner indéfiniment les consciences. Aujourd'hui, celles-ci sortent progressivement de leur léthargie. Cette indignation éthique qui monte représente une formidable espérance. Elle annonce la révolte salutaire dont notre société a plus que jamais besoin pour dessiner l'à-venir de notre école sous les couleurs de la générosité, du respect et de la solidarité.

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 11:30

Un Rennais de 27 ans a été condamné le 27 mai pour outrage parce qu'il avait entonné depuis une fenêtre de Cherbourg et en présence de trois policiers le "Mort aux vaches" de Brassens extrait de sa chanson "Hécatombe". Le jeune Rennais n'avait pourtant rien fait d'autre que de chanter une chanson jadis frappée d'interdit mais depuis longtemps autorisée.  Libre penseur, "anarchiste" disait-on, Brassens stigmatisait surtout dans ses chansons, le puritanisme imbécile, les préjugés et " La règle " appliquée stupidement et aveuglément.  Poète au verbe truculent, il était une sorte de Don Quichotte libertaire parti en guerre contre la connerie universelle ( dont il ne s'extrayait pas) uniquement armé de sa guitare et de son prodigieux talent. 

 

Finalement, on peut se demander si cette condamnation ne rend pas largement plus ridicules les policiers qui l'ont sollicitée, que les gendarmes de la chanson

La justice devrait aller au bout de son raisonnement. Si la chanson de Brassens constitue un outrage à la Police, Il faut donc l'interdire, au moins par arrêté municipal. Si elle n'est pas interdite, cette condamnation est injuste. Alors, me direz-vous, ce n'est pas pour la chanson qu'il a été condamné, mais pour les circonstances de son interprétation et pour "l'intention" qui était impure.  Impure ? comme le sang qui abreuve nos sillons dans un célèbre hymne national entonné par des millions de sportifs de gradins, écrit dans un contexte historique précis, certes , mais qui pourrait être interprété aujourd'hui comme un véritable outrage à tous ceux qui sont "d'ailleurs" et même carrément comme un appel au meurtre. Si ce vers de Rouget de L'Isle n'est pas supprimé de la Marseillaise, c'est parce qu'il fait partie de la "tradition" tout comme le "Mort aux vaches" de Brassens, , puisque la Halle du marché de Brive-la-Gaillarde dont il est question dans la chanson a été baptisée "Halle Georges Brassens" en référence à "Hécatombe" . L'idée fut proposée au conseil municipal de Brive en 1981 dont le Maire était Jean Charbonnel, gaulliste de gauche à l'époque, Sarkozyste aujourd'hui, ce qui ne va pas de soi. Elle ne faisait pas l'unanimité. L'adjoint à la culture qui était un ancien combattant émérite s'y opposait. Finalement on consulta les indulgents gendarmes de Brive-la-Gaillarde qui acceptèrent le nouveau nom qui fut donné à la Halle en 1982. Les gendarmes de l'époque avaient-ils l'esprit plus ouvert que les policiers d'aujourd'hui ? La réponse est dans la question.
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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 11:23

Unknown-copie-2.jpegL'affaire Strauss-Kahn n'est pas un tsunami uniquement pour le parti socialiste, mais aussi pour toute la classe politique et pour tous les mecs en règle générale. Si l'on savait que DSK était  un peu obsédé par le sexe , contrairement à l'affirmation d'une omerta sur le sujet, tout le monde non seulement le savait, le disait, l'écrivait, en témoignait, mais l'on considérait jusque-là qu'il s'agissait du domaine inviolable (!) de la vie privée  dans les limites du respect de la loi bien entendu. Les pratiques sado-masochistes consenties, l'homosexualité, les pratiques échangistes si elles défrisent  toutes les Boutin de la planète et les grenouilles de bénitier ( se sont souvent les mêmes), ne tombent pas sous le coup de la loi. Malheureusement DSK aurait ( je dis bien "aurait") largement bouffé la ligne. La justice américaine devra le démontrer et si elle le fait je trouve plutôt réjouissant qu'un puissant soit dans ce pays traité comme sont traités les lampistes. Ce qui n'est pas souvent le cas chez nous. En attendant, l'onde de choc de cette malencontreuse affaire ( pour l'accusé comme pour la victime présumée) continue de faire des ravages.

Georges Tronc le bellâtre villepiniste  grisonnant récupéré par Sarkozy vient de se faire épingler. Bien qu'il bénéficie d'une présomption d'innocence, il vient d'être contraint à la démission. Tremblement dans les caleçons des élus de la République ! Encouragées par le silence rompu des collaboratrices de Georges Tronc, combien de secrétaires, de collaboratrices, d'attachées de ceci ou de cela, vont lâcher le morceau (!) sur des pratiques abusives  de mâles républicains, sur le retour ou non, profitant de leur situation dominante, sans compter bien entendu, mais c'est terriblement humain, les inévitables fabulatrices qui flaireront la bonne affaire. Bref, comme aurait dit ma mère qui avait le sens de la formule, le jour où DSK est sorti de sa douche de la suite 2806 du Sofitel de Manhattan, "il aurait mieux fait de tomber dans une flaque de merde". Ce qui lui aurait évité provisoirement (?) un beaucoup plus gros problème. Ce qu'il y a d'ennuyeux dans une affaire de ce genre qui émeut à juste titre l'opinion,  mais vous me direz que ce ne sera qu'un dommage collatéral, c'est que l'on risque par souci de "vertuosité", excusez le néologisme, de passer d'un excès libidineux, dans un autre, rigoriste celui-là, avant que les choses se rééquilibrent. En attendant, attention aux regards considérés comme langoureux devant la machine à café et aux frôlements involontaires dans la manipulation de la photocopieuse. Le mieux sera de s'y rendre en dehors des heures d'affluence. Comme l'on sait que dans les rapports amoureux ou simplement de séduction entre adultes consentants, le chemin le plus court du lieu de travail à la chambre à coucher n'est pas encore la ligne droite, du moins pour le moment, ça va singulièrement compliquer les choses.


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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:36

Je crois avoir bien compris la politique de Luc Chatel, ministre de l'Éducation Nationale. Ça se résume en une phrase : " faire mieux avec moins". Pourquoi moins ? parce que les restrictions budgétaires l'imposent ? Non, simplement parce que tout ce fric dépensé de manière dispendieuse nuit au progrès de l'institution et qu'on peut faire aussi bien avec moins d'argent. Mais là où ça devient très fort, c'est que Chatel monte d'un cran. Non seulement il peut faire aussi bien ou pas plus mal, mais pour fermer le caquet des pessimistes, de tous ces enseignants obsolètes, de tous ces syndicalistes, de tous ces instits débraillés qui posent des banderoles partout pour protester contre les fermetures de classes, bref de tout ce corps enseignant confit dans ses confortables habitudes, qui n'a pas eu la chance d'avoir été formé chez les jésuites puis comme  chef de produit chez l'Oréal, ce qui vous le reconnaîtrez était le meilleur cursus possible pour devenir ministre de l'éducation nationale, il propose malgré ces restrictions drastiques de faire mieux. C'est un peu comme si un coureur cycliste se proposait de battre le record de l'heure avec un vélo premier prix de la Redoute  ou des 3 Suisses parce que tout est question de bonne volonté. Mais Chatel a tout ce qu'il faut dans son éducation pour arriver à convaincre les Français qu'il a raison et que le miracle est possible. Le tout est de savoir s'il y arrivera.

D'autant qu'il propose, entre autres choses, une méthode d'éducation ré-vo-lu-tio-nnaire. : La généralisation de l'apprentissage "par cœur" ! Quand je vous disais que c'était révolutionnaire. Bref c'est la fin de cette idée subversive et même carrément gauchiste qui consisterait à vouloir comprendre ce que l'on apprend en développant son regard critique. Le "par cœur" c'est décervelant mais efficace pour réussir ses examens, et en phase avec une politique du résultat à tout prix, à condition que la question posée corresponde exactement à ce que l'on a appris par cœur. Sinon attention à la sortie de route ! Ça me rappelle cette réflexion d'Einstein : "Pour être un membre irréprochable d'une communauté de moutons, il faut avant toute chose être soi-même un mouton" ( comment je vois le monde 1934) Merci Monsieur Chatel et vive l'avant-garde éducative !

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 10:07

1883502521_small_1.jpgLe regret et l'excuse qui va avec sont à la mode, c'est même devenu une parade  d'une grande efficacité, du moins en apparence.

Regrets de l'ambassadeur Boris Boillon qui s'est excusé d'avoir dit de grosses conneries assez peu diplomatiques le premier jour de sa prise de poste à Tunis.

Regrets d'un rappeur ( les rappeurs sont les nouveaux philosophes )  et excuses d'avoir stigmatisé l'homosexualité de Bertrand Delanoë

Regrets de Mgr Williamson d'avoir tenu des propos négationnistes et  excuses "devant Dieu"

Regrets et excuses de feu Georges Frêche  pour ses propos sur les harkis

Regrets et excuses de Frédéric Mitterrand d'avoir tenu des propos particulièrement indulgents sur Ben Ali

Regrets et excuses de Xavier Darcos en 2008 pour l'énormité qu'il avait proférée au sujet des enseignants d'écoles maternelles

Regrets de Florent Pagny d'avoir tenu des propos racistes sur les "robeus"

Regret de Jean-Luc Delarue d'avoir consommé de la cocke de manière un peu excessive

Regrets du pape d'avoir tenu des propos islamophobes en 2006

Regret d'un maire UMP d'avoir qualifié Nicolas Sarkozy de "Putain de gros empaffé "

Excuses de Claire Chazal de s'être présentée aux téléspectateurs en jean troué !

Excuses auprès de ceux qu'il a offensés du ministre allemand de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, convaincu de plagiat dans sa thèse de droit en 2007.

Le regret devient le joker le plus utilisé par les médiatisés qui disent ou font des conneries.

Ces confessions publiques des erreurs  par les "people" et les politiques apparentent le domaine public à un immense confessionnal dont on ressort blanchi en attente d'une nouvelle connerie...qui sera à nouveau pardonnée.

Démocrite qui avait les pieds sur terre disait : " il vaut mieux réfléchir avant d'agir que regretter après avoir agit" C'est la version antique de la langue qu'on tourne sept fois dans sa bouche.

Oui mais direz-vous, nous aussi on dit ou fait des conneries dont on s'excuse. C'est vrai, mais notre parole n'est pas publique,  ou si peu. C'est le poids de la parole publique qui fait la différence et qui devrait inciter ceux qui en ont le pouvoir de s'investir d'un peu plus de discernement et de davantage de conscience de leurs responsabilités.

Vous me direz que certains comme Alliot-Marie ou Hortefeux ne s'excusent pas ce qui est pire que tout quand les erreurs ou les mensonges sont avérés. Bien qu'Hortefeux ait fini par avoir des regrets sans s'excuser. Très fort cet Hortefeux !!

en tout cas s'il y a un organisme qui devrait s'excuser c'est bien l'INSEE  qui vient de réviser des calculs qui définissaient  que le coût horaire de la main-d'œuvre en France était de 37,41 euros  pour 30,2 en Allemagne. Le Medef  comme l'ensemble des néolibéraux s'étaient jetés dans la brêche : voyez bien, les charges sociales sont beaucoup trop élevées chez nous, instaurons la TVA sociale qui soulagera le fardeau des entreprises. Poum ! par terre !!

En réalité, à moins d'une autre erreur de l'INSEE, les coûts horaires dans l'industrie s'élèvent à 33,16 € en France et 33,37€ en Allemagne. Imaginez toutes les théories à la con qui ont pu être développées à partir de cette erreur ? Eric Besson qui n'en rate pas une a fourni le 20 janvier un rapport sur la question à partir de la première communication de l'INSEE, obsolète le lendemain de sa publication ! Heureusement que le ridicule ne tue pas, parce que ce gouvernement serait décimé.

Depuis la dernière communication de l'INSEE le MEDEF a fait remarquer qu'actuellement le prix de la main d'œuvre augmente plus rapidement chez nous qu'en Allemagne. Ouf !!

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 11:25

J'ai reçu ça

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Ça m'a paru tellement inouï que je me suis rendu sur le site hoaxbuster.com. C'est ce que je fais quand je ne suis pas sûr d'une information. Le site est dubitatif mais ne donne pas de réponse formelle. Ce qui me fait douter c'est que rien sur le net ne permet de connaître l'auteur de ce manuel ni la maison d'édition. Qu'en plus les informations varient sur l'origine  : manuel "catho" disent les uns, venant du Quebec disent les autres. J'avoue que je suis suspicieux par rapport à ce document qui circule au moins depuis 2005. En savez-vous davantage ?

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