Les grands reporters de France Télévisions Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont otages en Afghanistan depuis 6 mois. On n'a pas de preuve probante de leur survie depuis le 8 avril. C'est long six mois. 184 jours d'angoisse.
C'est principalement la communauté des journalistes qui rappelle le drame de ces deux hommes et de leurs trois accompagnateurs Afghans, au sujet desquels le petit homme qui nous gouverne a manifesté sont agacement pour leur "imprudence coupable", pendant que le N°2 de L'Etat, Claude Guéant déclarait qu'ils faisaient courir des risques à nos forces armées et qu'un général rappelait que leur inconscience nous coutaît cher en dollars. Pourtant ces hommes-là ne sont pas des charlots. Ce sont de vrais professionnels chevronnés qui ont couvert entre autres la guerre en Irak, plusieurs conflits en Afrique ( pour Stéphane Taponier) la guerre en ex-Yougoslavie et la guerilla des Khmers rouges ( pour Hervé Ghesquière ) Ils n'ont rien fait d'autre que leur métier.
Et je ne peux pas résister à la comparaison avec Ingrid Bétancourt, prisonnière des FARC en Colombie pour laquelle Nicolas Sarkozy, parce qu'elle a passé son enfance en France, avait fait assaut de gesticulations politico-émotionnelles, peu efficaces d'ailleurs, pour essayer de la faire libérer.
Ingrid Bétancourt fut enlevée en 2002 alors qu’elle faisait campagne pour la présidence de la République en Colombie, malgré les avertissements de la police et de l’armée, dans une zone où la guérilla etait fortement présente. autrement dit, elle a été d'une "imprudence coupable". Et pourtant il y eut autour de sa détention et de sa libération un foin médiatique considérable. Pourquoi n'est-ce pas le cas malgré ce qu'en dit le ministre Hervé Morin pour les deux journalistes ?
On peut aisément aller en chercher les raisons dans le fait que l'enlèvement des deux hommes n'a pas la "qualité" émotionnelle exploitable politiquement que présentait Ingrid Bétancourt, enveloppée d'une aura de sainteté à laquelle ne peuvent prétendre les deux baroudeurs et leurs trois compagnons accompagnateurs, prisonniers des talibans. Ils ont le tort d'être journalistes une profession exécrée par Sarkozy (1) . Un effort les gars ! : soyez émouvants. Il n'y a que ça qui marche dans ce pays !! ce qu'il y a de bien chez nous, c'est que les hommes qui nous gouvernent nous font pleurer, comme ils veulent, quand ils veulent et surtout pour qui ils veulent. C'est un métier.
(1) Le canard enchaîné avait rapporté les propos du président en 2009 :
"les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore les bandits eux ont une morale".