Cela fait des mois et des mois que Médiapart enquête sur l'affaire Karachi. À l'époque, on ne peut pas dire que cette enquête publiée sur son site a mis le feu aux médias. Elle a été mise provisoirement au congélateur. Aujourd'hui, présidentielle oblige, on la décongèle. Elle n'est pourtant pas plus scandaleuse aujourd'hui qu'elle ne l'était hier, bien qu'elle le soit fondamentalement et qu'elle jette une nouvelle suspicion sur la planète politique. Au grand bonheur de l'extrême droite qui gagne des points dans l'opinion sur son vieux registre démagogique qui était déjà celui des émeutes de 1934 suite à l'affaire Stavisky : "Tous pourris".
Rappel pour faire simple :
en 1994, la France vend des sous-marins au Pakistan. Des intermédiaires touchent des commissions (6,25%) dans cette transaction par l'intermédiaire de la Sofma. C'est une société missionnée par la DCN. À l'époque c'était légal (si, si...!) Là où ça ne le serait plus ce serait dans l'hypothèse où des rétro-commissions auraient été versées à la France pour alimenter la campagne présidentielle de M. Balladur. Cette fois ci par l'intermédiaire d'un deuxième interlocuteur, Mercor, société off-shore imposée par Donnedieu de Vabres directeur de cabinet de François Léotard, ministre de la Défense, qui arrosait des responsables pakistanais tout comme la Sofma, avec retour partiel, dit-on, des sommes collectées (4%) vers la campagne de Balladur . Nicolas Sarkozy était à l'époque ministre du budget de M. Balladur et son porte-parole de campagne. Au centre de cette histoire l'homme d'affaire milliardaire Ziyad Takieddine, ami de Brice Hortefeux et de Jean-François Copé. Des sommes considérables sont portées sur les comptes de campagne d'Édouard Balladur. Balladur perd l'élection présidentielle. Le grand vainqueur Chirac, décide en 1996 de ne plus verser les commissions à Mercor. Quant à la Sofma elle aurait continué à payer ses agents au Pakistan jusqu'en 2001. C'est-à-dire 5 ans après la décision de Jacques Chirac. Quelques temps plus tard, en 2002 un attentat fait 14 morts à Karachi dont 11 Français de la DCN. D'après l'avocat des familles de victimes la suspension des paiements à Mercor serait à l'origine de l'attentat. Cette histoire est connue depuis longtemps. Elle est passée au second plan lors de la tourmente de l'affaire Woerth-Bettencourt , qui repassera au premier plan dès que le pouvoir aura réussi à étouffer cette affaire Karachi qui s'envenime sérieusement ces derniers jours avec la mise en examen de personnages proches du pouvoir actuel.
Quand cette histoire a été soulevée, Un journaliste a questionné Nicolas Sarkozy. Écoutez-le. On sent tout de même un certain malaise :
Question naïve : pourquoi cette affaire qui d'après le procureur Jean-Claude Marin est prescrite, intéresse-t-elle à nouveau la justice ?