Claire Thibout l'ex-comptable de Mme Bettencourt a été lavée de tous soupçons dans l'affaire du même nom, étouffée à Paris et ressuscitée à Bordeaux, cette fois avec des juges d'instruction indépendants. J'espérais que l'affaire que certains, dont Claude Guéant, estimaient terminée, rebondirait, mais sans trop y croire. On pouvait craindre que le dépaysement à Bordeaux c'est à dire loin du procureur Courroye, proche de Nicolas Sarkozy correspondrait à un enterrement de première classe. Et pourtant... Ce qui tendrait à démontrer qu'il ne faut pas toujours désespérer de la justice de son pays ! Reste que pour avoir dit ce qu'elle avait vu et entendu, Claire Thibout voit sa vie dévastée. Discréditée, traitée de menteuse, de manipulatrice et même de voleuse, elle est au chômage tout comme son mari qui avait enregistré des CD des enregistrements effectués par le maître d'hôtel des Bettencourt. Et elle vient de subir un contrôle fiscal. Donc, tout va très bien Mme la marquise !
Mais au delà de l'affaire elle-même, ce qui attire mon attention c'est le traitement judiciaire et policier subit par Claire Thibout et digne de la République Bananière dans laquelle nous sommes enfoncés jusqu'au cou. Il faut lire dans "Sarko m'a tuer" de Gérard Davet et Fabrice Lhomme et dans Libé de ce jour, le récit hallucinant de la mésaventure de Claire Thibout ( elle fut interrogée 12 fois par la police) et des pressions invraisemblables qu'elle a subi de la part des policiers qui voulaient la faire revenir sur ses déclarations initiales. Voici un extrait de son témoignage dans Libé de ce jour : J’ai vécu un véritable calvaire. Témoin, j’ai été traitée comme une accusée. J’ai eu l’impression de devenir l’ennemi public numéro 1, notamment quand je suis descendue dans le sud de la France pour rejoindre des cousins. C’était après l’article de Mediapart concernant les remises d’enveloppes. Les policiers sont venus me chercher chez mes cousins. Il y avait des cars de police qui étaient garés devant leur maison depuis des heures. J’ai ensuite été interrogée dans la nuit à Montpellier par cinq policiers. Ils m’ont pressée de questions pendant des heures, je n’ai rien pu manger ou presque. En fait, ils essayaient de me mettre sous pression pour que je revienne sur mes déclarations. A la fin de l’interrogatoire, ils m’ont laissée en pleine nuit dans cette ville. Mes cousins ont dû venir me chercher. Dans le train du retour vers Paris, le lendemain, l’un des policiers qui m’accompagnait a encore essayé de me faire craquer. Sur le ton de la confidence, il m’a glissé : «Vous pouvez me le dire que c’est pas vrai, ne vous inquiétez pas.» Ils ont même fouillé mon sac comme si j’étais une délinquante."