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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 11:36

Pour beaucoup de gens Les Liaisons Dangereuses est un film de Roger Vadim (1959.Pas très bon ) ou de Stéphane Frears ( 1988. Bien meilleur) ou de Milos Forman ( Valmont sorti en 1989. Pas mal non plus) ou de Josée Dayan pour la télé ( pas vu)  

Quelques uns savent que Choderlos de Laclos 1741-1803 ( prononcez sho-der-lo et non pas ko-der-los) est l'auteur du roman épistolaire éponyme, considéré comme pervers et par conséquent scandaleux dans son temps, ce qui explique qu'il fut interdit pendant soixante ans. Les Liaisons dangereuses  est considéré aujourd'hui comme un des  chefs-d'œuvre littéraires du XVIIIe siècle, ce qui ne  semble pas usurpé. " Un roman qui brûle comme de la glace" disait Beaudelaire. Et quelle langue, chers amis ! Quelle langue !  

Laclos issu d'une noblesse de robe récente était militaire de carrière lié à Philippe d'Orléans . À part Les Liaisons Dangereuses, Choderlos de Laclos qui s'ennuyait ferme dans les garnisons où on l'envoyait, écrivit d'autres petites choses dont un opéra-comique Ernestine représenté une seule fois, devant la reine, en 1777, et qui fut un bide retentissant. Ce que l'on sait moins c'est que Choderlos à mis au point un boulet creux bourré d'explosif et qu'il est l'auteur d'un projet de numérotation des rues de Paris inexistante au XVIIIe siècle,  et l'on imagine que ce devait être un joyeux bordel lorsque l'on était invité quelque part dans Paris.  Le projet ne fut pas retenu parce qu'il semblât aux autorités de l'époque qu'il était un casse-tête chinois. On dirait aujourd'hui" une usine à gaz". Cependant  on adopta par la suite le principe de numéroter dans le sens du cours de la Seine et la division en 20 quartiers proposée par l'écrivain.

Choderlos de Laclos fut un protagoniste de la révolution Française. Membre des Jacobins il était un orateur très apprécié, et fut directeur pendant 8 mois du Journal des Amis  de la Constitution. Promu chef dÉtat-major de l'armée des Pyrénées en 1792 il est néanmoins arrêté le 31 mars 1793 à cause de son passé orléaniste et incarcéré le 2 avril, libéré le 4 et réincarcéré le 7. Finalement il est libéré le 10 mai et placé sous surveillance jusqu'au 21 juin ( je sais, il faut suivre. Ce n'était pas très pépère d'être révolutionnaire). Il démissionne par prudence de son grade de général de brigade ( le même que celui de de Gaulle en 1939) mais reste considéré comme suspect. Il est arrêté le 3 novembre transféré à Picpus le 20 décembre 1793 et libéré un an plus tard. Il échappe finalement à la guillotine, ce qui était une particularité remarquable à l'époque. réintégré dans l'armée comme général de brigade d'infanterie,  il se rallie à Bonaparte, rejoint l'armée d'Italie,  contracte la dysenterie et la malaria et meurt à Tarente le 5 septembre 1803.

Les liaisons dangereuses n'est pas un roman autobiographique.  Choderlos de Laclos était ce qu'on appelle un homme rangé, très amoureux de sa femme. Rien à voir avec le sulfureux Valmont principal héros masculin de son Roman.

Il existe à Paris depuis le début des années 1990 une rue Choderlos de Laclos dans le XIIIe arrondissement. Ce qui prouve que tout finit par rentrer dans l'ordre. C'est une question de temps.

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 08:17

Connaissez-vous Nicolas Ruault ? Non ?

C'était ce qu'on pourrait appeler : un bourgeois éclairé. Il vivait au XVIIIe siècle, fréquentait l'intelligentsia  de son époque et était éditeur de Beaumarchais et de Voltaire, ce qui n'est pas rien. Si l' Histoire a retenu son nom au grand plaisir des historiens , c'est parce qu'il a écrit à son frère de manière régulière entre 1783 et 1796 et qu'il eut l'excellente idée de conserver une copie de ses lettres en subodorant qu'elles seraient utiles plus tard à la compréhension de son époque. En effet, il raconte les évènements politiques, littéraires, ainsi que les petits et grands  potins de cour et fait part de son analyse de ces  évènements. Ces écrits épistolaires ont été publiés ( mais pas réédités à ma connaissance) sous le titre " Gazette d'un Parisien sous la révolution" ( Librairie académique Perrin 1975 ). Je suis l'heureux propriétaire d'un exemplaire de ce livre acheté d'occasion. 

Voici ce qu'écrit Nicolas Ruault le 26 novembre 1786, donc environ 2 ans et demi avant la prise de la Bastille, en faisant référence à un ouvrage de Condorcet sur la vie de Turgot. Lisez bien, ça vaut son pesant de dividendes !:

"On le regarde aujourd'hui ( il s'agit de Condorcet) comme le chef de cette sorte de philosophes dont toutes les vues tendent au bonheur du peuple, mais qui ne prennent  peut-être pas le meilleur chemin pour y parvenir. Leur ennemie mortelle, la finance, est devenue si puissante, si orgueilleuse, si despote qu'il faut croire qu'elle ne pourra aller plus haut  et qu'elle périra infailliblement avant peu d'années (...) Une révolution effrayante est très prochaine, nous en sommes tout près, nous touchons incessamment à une crise violente. Les choses ne peuvent aller longtemps encore comme elles vont. Cela saute aux yeux. Tout est agio, finance, banque, escompte, emprunt, pari, virement etc...Toutes les têtes sont tournées vers l'argent, sont folles de ces sortes de spéculations. Patience nous verrons beau jeu en 1800 ! Vivons cependant et faisons en sorte de n'être pas emportés par la débâcle future.

Adieu mes chers amis, ne vous effrayez pas trop de ma prédiction. Tapissez vous dans votre petit terrier, laissez faire les fous, et tâchons de n'être que le spectateur de l'écroulement de la montagne creuse que menacent tous ces étourdis qui grimpent dessus par milliers"

Deux cents vingt quatre ans plus tard, après avoir traversé la Révolution, l'Empire, de nouvelles royautés, le Second Empire et cinq républiques, nous sommes toujours affligés d'un monarque, la finance est toujours aussi vorace, cupide, insatiable et égoïste, il y a toujours autant d'aveugles imbéciles qui grimpent sur la "montagne creuse" et le bon peuple est toujours le dindon de la farce, ce qui ne l'empêchera pas, du moins en partie, de voter en 2012 pour Nicolas Sarkozy  et ses promesses d'un mythique "capitalisme moral". Bonne journée.

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 09:43
Je n'aime pas beaucoup les commémorations, les jubilées qui tendent à nous présenter une vision artificielle des événements. Ils ont souvent une utilité de remplissage, celle de jeter de l'encre sur du papier et des images sur les écrans de télévision. Et ce n'est pas la commémoration de la chute du Mur de Berlin qui me fera changer d'avis.
Pendant que l'on s'offusque rétrospectivement de ce mur indigne symbole de l'échec du communisme, d'autres se dressent entre Israël et la Cisjordanie, entre le sud des USA et le Mexique, dont on s'offusque beaucoup moins, peut-être parce qu'ils sont moins intéressants sur le plan médiatique mais surtout parce qu'ils pourraient provoquer de douloureuses interrogations.
Mais revenons au Mur de Berlin dont la chute assura le triomphe d'un système de production sur un autre système de production moins efficace., de la liberté sur l'asservissement, de l'abondance sur la pénurie, du bonheur sur la tristesse etc...
les populations de l' Est ont vite compris que l'univers capitaliste n'était pas aussi paradisiaque qu'il semblait l'être au point que certains en sont venus à regretter le communisme. ce qui peut paraître un comble.
Les Allemands de l'ex-RDA pouvaient comparer deux systèmes d'asservissement :" le communisme asservit les travailleurs à travers l'État en usant du mythe collectiviste. Le capitalisme met les travailleurs sous la coupe du Capital en jouant sur le slogan de la libre entreprise (1). C'est juste la méthode d'asservissement qui a changé.
Un mur politique est finalement plus vulnérable à une opposition parce qu'il peut finir pr déclencher un sentiment de révolte. " Le mur de l'argent n'oppresse pas frontalement comme le fait une dictature. La marchandise asservit ceux qui en sont privés les rendants esclaves du système en leur imposant de travailler pour une faible rémunération. la marchandise asservit d'une autre manière les accédants aux biens et services, non seulement en les rendant addicts à ce qu'ils ont, mais en leur faisant miroiter l'étage suivant de la réussite matérielle" (2)
Tout triomphalisme sur la chute du Mur de Berlin devrait s'accompagner d'une réflexion sur ce que l'on en a fait. 

(1) et (2) extraits du remarquable article de Bernard Dugué sur agoravox  intitulé :" le Mur de Berlin est tombé mais pas le mur de l'argent"
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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 19:44




Christine Boutin, Marion Cotillard, Jean-Marie  Bigard, Mathieu Kassowitz. Quel rapport entre ce quatre personnalités ? Réponse : Elle sont toutes les quatre conspirationnistes. C'est-à dire qu'elles sont convaincues ( même si Kassowitz dit qu'il se questionne seulement, tout en utilisant les poncifs du genre) que les attentats du 11 septembre ne proviennent pas de Ben Laden qui pourtant en endosse la responsabilité,  mais d'un complot fomenté par...on ne sait pas qui, puisque de toute manière on ne nous dit pas tout.

C'est donc une question qui fait toujours débat. 

Il y a eu certes complot, ça on en est sûr, mais après les attentats, et de la part de la bande de Charlots qui s'agitaient autour de l'ineffable Dobelyou. Un complot opportuniste qui a su utiliser les événements pour déclencher la guerre en Irak sur un mensonge concernant les armes de destruction massive.

Pour  le reste je vous renvoie à deux sites

1) Rue 89. http://www.rue89.com/desintox-11-septembre-2001/2009/02/04/le-vrai-et-tous-les-faux-complots-du-11-septembre/ qui s'est fendu d'un dossier détaillé et très technique sur la question


 2) http://www.reichstadt.info/complotisme/


Plutôt que de nier ou d'approuver a priori la théorie du complot à partir de sentiments, autant aborder le problème de manière  technique. Ça évite de transformer des suspicions en faits avérés. 

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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 09:37



On parle beaucoup du dernier film de Robert Guédiguian : " l'Armée du crime" qui relate la lutte d'un réseau de résistants ( terroristes à l'époque) d'origine étrangère et Juifs pour la plupart pendant l'Occupation allemande en France. L'histoire avait déjà fait l'objet d'un film de Frank Cassenti en 1976 : "l'Affiche Rouge"

Cette affiche avait été placardée sur les murs des principales villes de France et elle annonçait la condamnation à mort de 10 des 23 résistants qui allaient être fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944. Juste avant de mourir Missak Manouchian, Arménien et communiste écrivit à sa femme Mélinée une lettre d'Adieu. en voici des extraits :


Ma Chère Mélinée,

ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. (...) Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu.

Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel

Des Manouchian quand il y en a un ça va ; c'est quand il y en a plusieurs que ça pose problème !!

À quand, la lecture de cette lettre dans les Lycées ?

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  • 73 ans. Retraité, écrivain à ses heures, collectionneur de collections, amateur de jazz, de cinéma de BD et de philo
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