J'ai trouvé cette phrase d'Edgar Morin qui éclaire son œuvre : "L’éthique complexe conçoit que le bien puisse contenir un mal, le mal un bien, le juste de l’injuste, l’injuste du juste"
Si on l'applique aux quatre années et demi de gouvernance à droite que nous venons de subir. Il est sûr que ce je considère comme un mal ( je ne suis pas le seul !) contient au moins un bien : c'est qu'il fallait en arriver là c'est-à-dire à une direction du pays, arrogante, injuste, sourde aux revendications des plus désavantagés, gouvernant au coup par coup, souvent dans la hâte, avantageant un peu plus ceux qui ont tout, au détriment de ceux qui n'ont rien, pour qu'il y ait un sursaut du pays réel, et réel du pays. Certes, les "affaires" et "les mallettes" n'y sont pas pour rien, ni la criante injustice sociale que de plus en plus d'entre nous subissent, mais il y a prise de conscience que les "valeurs" brandies par la droite sans que l'on sache exactement de quoi il s'agit, mais qui sont démontrées dans sa manière de gouverner ne sont pas celles auxquelles aspire la majorité des citoyens de ce pays. Mais que la gauche qui a le vent en poupe se méfie, le peuple est versatile, il juge souvent sur des sentiments, des sensations plutôt que sur des réalités et des raisonnements étayés et surtout il continue à être dominé par le mythe enfantin de "l'homme fort", de "l'homme à poigne" qui peut fort bien emporter l'adhésion de ceux qu'il abuse. L'arsenal sarkozien est très au point, bien qu'actuellement il soit "dans les cordes", pour utiliser un terme du vocabulaire pugilistique, et se trouve dans la position du défenseur qui ne trouve rien d'autre à faire que de faire peur plutôt qu'avancer des propositions, jusqu'à utiliser grossièrement le terme de "bolchevik" pour qualifier Montebourg ou de trouver que la similitude des propositions de celui-ci avec celle de Marine Le pen est "troublante", ce qui montre l'ampleur de son désarroi. Mais il peut se redresser et surtout il a avec lui ce que n'a pas la gauche : les puissances d'argent qui ne perdent jamais de vue ce qui va dans le sens de leurs intérêts plutôt que dans celui de la communauté tout entière.
L'électorat populaire s'est souvent laissé abuser par l'idée qu'il n'était pas capable de prendre son destin en main, que l'ordre social était immuable et qu'il valait mieux se résigner à récolter les miettes de la prospérité en se tournant humblement vers ceux qui possèdent les clés du coffre. Cela a encore marché en 2007 où le peuple s'est laissé enfumer par une habile imposture ( les promesses 2007 de l'UMP ont disparu de son site ). Les primaires socialistes semblent signaler les prémices d'une émancipation. Pourvou que ça doure, comme disait la mère de Bonaparte ( le vrai)
Il est probable que François Hollande remportera la primaire socialiste. Il représente une gauche modérée qui ne risque pas de faire peur. Si elle n'est pas enthousiasmante elle est suffisamment réaliste pour provoquer un consensus qui aura au moins l'avantage de débarrasser le pays d'une équipe ultra-conservatrice qui tente de donner le change en se parant ridiculement des atours de la "modernité" et en qualifiant la gauche de "ringarde", un qualificatif qui pourtant va comme un gant à ceux qui le profèrent