J'ai lu avec la plus grande attention tout, ou à peu près, ce qui s'est dit et écrit sur le net au sujet de l'affaire Woerth-Bettencourt, dans les principaux médias.
La pression exercée sur l'ex-comptable de Mme Bettencourt depuis le début de la semaine illustre la panique qui s'est emparée de l'Élysée, mais Il apparaît qu'en ce qui concerne la suite, les dés sont d'ores et déjà pipés.
Lundi, il y aura une heure de Sarkozy à la télé pour expliquer que les odieuses accusations c'est rien que des mensonges et un complot ourdi par la gauche pour empêcher la mise en place des mirifiques réformes destinées à moderniser le pays (Ouf !). La machine de guerre UMP est en marche. Pour elle la victoire contre les" fascistes" de Médiapart est une question de survie pour le gouvernement et pour Sarkozy lui-même qui a déjà envoyé ses pitbulls préférés à l'attaque : Morano, Bertrand, Lefebvre, et l'éminent historien Christian Estrosi dont on connaît le sens de la nuance et la hauteur vertigineuse de la pensée.
Daniel schneidermann l'explique dans " arrêt sur image" : tout est en place pour étouffer l'affaire.
1) le rapport de l'inspection des finances : "Ce n'est pas un rapport de l'IGF, qui va être rendu lundi, mais un rapport personnel de son chef, Jean Bassères, très estimable haut fonctionnaire certainement, mais nommé par son ministre, et dont le sort ultérieur (promotion ou placard) dépend de lui." Se faire blanchir par l'administration placée sous ses ordres, il fallait y penser !
2) l'enquête judiciaire du parquet menée par le procureur Courroye, totalement assujetti à sarkozy puisque le parquet est aux ordres de l'exécutif. Ce n'est pas de ce côté-là qu'il faudra attendre de l'objectivité. L'idée lancée par l'opposition de nommer un juge indépendant fait doucement rigoler l'Élysée. Le mot "indépendant" accolé à"juge" ça augmente singulièrement les tics d'épaule du président, presque autant que le mot "journaliste"
Ça doit s'agiter ferme au plus au niveau de l'état où l'on cherche désespérément des contre-feux quitte à fouiller les poubelles, à compulser les dossiers et à ressortir de vieilles affaires comme l'énorme dérapage du monde à l'occasion de l'affaire Baudis dont à l'époque le directeur était... Edwy Plenel actuel patron de médiapart. On imagine qu'il doit y avoir en ce moment une branlée d'avocats et de conseillers qui s'agitent fiévreusement pour trouver des contre-arguments qui terrasseront la bête immonde de la presse libre.
le gouvernement tente d'utiliser une méthode judiciaire très prisée outre-atlantique : le discrédit. Coûte que côute, il faut discréditer, ce "fasciste" d' Edwy Plenel, l'ex-comptable et tous ceux qui de près ou de loin témoignent à charge dans l'affaire Bettencourt. On a même retrouvé le majordome qui précéda celui par qui le scandale est arrivé pour expliquer qu'il n'a jamais entendu parler d'enveloppes bourrées d'euros.
Reste à savoir si un tel arsenal ne se retournera pas contre N.S. Il est dangereux de pousser jusqu'à la limite élastique la conviction que l'opinion gavée de propagande est encore capable d'avaler d'aussi grosses couleuvres. Les sondages d'opinion, même s'ils sont sujets à caution démontrent s'il en était besoin que le peuple français fatigue.