Si la Résistance est synonyme de lutte contre l'occupant nazi, elle porte en elle n'en déplaise à ceux qui la voudrait politiquement neutre, un élan irrésistible de contestation sociale et politique, après quatre ans d'occupation nazie et de politique pétainiste collaborationniste.
Fin août 1944 de Gaulle crée les commissaires régionaux de la république dont le rôle est de rétablir les libertés républicaines et l'autorité de l'État. Il sont au nombre de 18 : un par région .
Raymond Aubrac hérite, à 30 ans, d'une zone qui correspond en gros à la Région Provence-Côte d'azur.
A Marseille les usines ont perdu la plupart de leurs patrons en fuite ou en prison pour collaboration active.
En 1944 la guerre n'est pas finie. en se basant sur une loi de 1938 permettant la réquisition d'usines en cas de guerre. Raymond Aubrac à l'instar de ses collègues commissaires régionaux crée des comités de gestion auxquels participaient les ouvriers.
Ce qui rend les réquisition de Marseille exemplaires, c'est que 15 000 ouvriers furent concernés et cela pendant trois ans.
Symbole démocratique, Le conseil était composé de représentants du personnel – un ingénieur, un technicien, un ouvrier – et de représentants des actionnaires( qui refusent de siéger !)
les ouvriers, qui voient leur salaire et leur travail s'améliorer, augmentent spontanément les cadences. L'entreprise est largement bénéficiaire . On restitua 700 000 millions de bénéfices à l'état en 1947. On investit une partie des bénéfices dans des logements sociaux, on construit un centre culturel, on crée les premiers CE, etc... Autant d'avancées souhaitées par le programme du Comité national de la résistance (CNR) qui prévoyait, entre autres, sécurité sociale et retraite pour tous.
L'expérience (réussie) devenait dangereuse. En 1945 Raymond Aubrac, à qui on reprochait ses sympathies communistes était remercié. La belle aventure perdura néanmoins jusqu'en En 1947 où le libéralisme, avec l'appui du socialiste Gaston Deferre remis de l'ordre dans cette chianlit. et le centre culturel qui en était l'un de ses symboles fut démoli (authentique). Il ne fallait surtout pas laisser de traces de cette belle expérience ! Dans le film "Les réquisitions de Marseille", un ouvrier dit : "Nous étions respectés comme doivent être respectés les ouvriers" cette phrase aurait pu être placée en exergue du film.