Voilà ! c'est plié. Obama est reparti pour un deuxième mandat. On nous a pourtant seriné que ce serait très très juste, "très serré". Que le suspense était entier. Mais ceci sans tenir compte du système américain qui est un suffrage indirect assez compliqué. Les électeurs votent pour de grands électeurs et c'est ce vote des grands électeurs qui compte. C'est ainsi qu'un président peut être élu sans pour autant réunir une majorité de votes populaires. Obama a été élu avec une avance d'une centaine de grands électeurs, ce qui est très large, alors que le vote populaire ( pas encore complètement décompté) lui donne 700 000 voix "populaires" d'avance, c'est-à-dire très peu. Ce qu'on pourrait reprocher aux médias français c'est d'avoir raisonné vis-à-vis de leurs lecteurs ou auditeurs comme si le vote présidentiel américain était équivalent au vote présidentiel hexagonal.
Dans le 9.15 d'arrêt sur image Daniel Scheidermann faisait entendre, hier, une petite musique différente qui mettait l'accent sur le faux suspens insoutenable :
" Si j'en crois Nate Silver, l'élection est pliée : ce sera Obama. Qui est Nate Silver ? En apparence un blogueur et accessoirement un statisticien , qui compile les résultats de 136 sondeurs, fait passer l'ensemble dans la moulinette d'un algorithme de son cru, et en a retiré la certitude (avec un degré de 84%, excusez de la précision) que Obama serait réélu. Pour crédibiliser les prédictions de Nate Silver, on rappelle qu'il avait prévu les résultats de l'élection de 2008 dans 49 états. Pourquoi ne connaissez-vous pas le nom de Nate Silver ? Parce que les médias français ne lui donnent pas la parole. Et pourquoi ne lui donne-t-on pas la parole ? Mais vous n'y pensez pas. Il casserait le métier. Que deviendraient les savants prévisionnistes, les reporters de terrain, les vendeurs de sondage de vent qui donnent "les deux au coude à coude", bref, tous les marchands de suspense, de fête, d'extase terminale, si l'on tentait de traiter scientifiquement les enseignements des sondages américains ? Imaginez-vous Nate Silver au micro de Patrick Cohen ? Mieux vaut aller chercher ceux qui ne briseront pas le rêve."
Intéressant, non ?
Bon, cela dit, le résultat de ces élections ne changera pas grand chose au niveau de la planète, les deux candidats étant assez proches l'un de l'autre politiquement. Reste que je préfère un président qui a institué un système de santé qui protège les plus démunis, ce qui le fait traiter de communiste par ses adversaires, (1) à un type qui l'aurait supprimé s'il avait été élu.
(1) Dans un débat récent Christophe Barbier de "l'Express" qui est de droite comme chacun sait, disait "Aux États-unis on me traiterait de communiste." C'est dire !