On sait bien que l'une des grandes armes des très bon avocats est la décrédibilisation de l'adversaire. Cette arme est particulièrement redoutable aux États-Unis. On le voit dans l'affaire DSK où la femme de chambre de la suite du Sofitel de Manhattan est passée du statut d'innocente victime à celui de menteuse récurrente en l'espace de 24h. Ce qui donne de l'oxygène à DSK, mais ne le dédouane pas ( pas encore du moins) de l'accusation de crime sexuel. La question qui se pose est de savoir si une série de mensonges antérieurs à l'affaire et n'ayant pas de rapport direct avec elle peuvent ou non cacher une vérité celle d'un viol constaté "scientifiquement" et si cette vérité-là fait le poids par rapport à ces mensonges antérieurs. Le point le plus sensible étant le fait maintenant avéré que la femme de chambre n'a pas immédiatement dénoncé le crime dont elle aurait été victime mais qu'elle a préalablement nettoyé la suite qui jouxtait celle de DSK. Mais on peut parfaitement imaginer aussi qu'un mensonge qui dissimule un acte dont on ne connaît pas les raisons puisse tenter d'étayer une vérité pour rendre plus évident aux yeux de tous et sans discussion ce qui ne l'est que pour la victime. Reste que ce principe de la décrédibilisation dû à un mensonge qui élimine la victime, même si elle l'est vraiment, pose un problème moral. Gare à celui ou celle qui se dit victime d'une exaction et que l'avocat adverse décrédibilisera en fouillant dans son passé pour constater qu'il avait menti dans son enfance en niant le vol de quelques pièces dans le porte-monnaie de sa maman. Je sais, j'exagère ! n'empêche que ! Alors, bien sûr, la suite on ne la connaît pas. Peut-être que DSK sera entièrement dédouané de l'accusation de crime sexuel et il pourra reprendre sa carrière politique, Mais alors, un soupçon continuera de peser sur lui. Peut-être qu'il bénificiera d'un non-lieu ce qui n'irait pas dans le sens de sa réhabilitation politique. Le non-lieu sanctionnant l'impossibilité de dégager la vérité mais aucunement celle d'établir l'innocence. Reste que même si DSK revenait en politique avec une ambition présidentielle il n'est pas sûr qu'une majorité de citoyens prendrait le risque d'élire un président aussi peu maître de lui-même et en l'occurrence de ses pulsions sexuelles sous prétexte qu'il est un cador en économie. N'oublions pas cependant, que dans ce pays la fascination pour la compétence passe nettement avant la morale.
Personnellement, comme j'ai un sérieux doute sur les convictions "de gauche" de DSK, son élimination de la compétition présidentielle ne me pose aucun problème, la perspective du blanc bonnet remplaçant le bonnet blanc ne me paraissant pas particulièrement excitante. J'espère seulement pour lui qu'il saura faire reconnaître son innocence. Ce ne serait déjà pas si mal.