Une seule machine vous manque et tout est dépeuplé !
Mon Imac m’a planté. Je ne lui en veux pas. Il m’a tout de même rendu de bons et loyaux services pendant très longtemps. Mais je voyais bien depuis quelque temps qu’il était sensible à la moindre mini-coupure de courant et qu’il avait un mal de chien à redémarrer. Mon soulagement était grand lorsque le voyant se rallumait. C’était un peu comme une rémission dans une maladie grave. Cette fois-ci, nenni, bernique. J’avais beau l’exhorter, le titiller. Rien à faire. Donc depuis deux jours, j’étais orphelin de Big brother. Mais comme il y a toujours des avantages aux inconvénients, cette catastrophe m’a libéré du temps pour autre chose. Je dis bien « libéré ». Ce qui renseigne sur nos dépendances. Il m’arrive de déplorer ( sans les juger) les dépendances des autres : Le tabac, l’alcool et les autres drogues, le tiercé, le jeu et les consoles qui provoquent l’hypertrophie des pouces. Enfin tout ce qui rend fébrile par manque et qui n’est pourtant pas nécessaire pour obtenir ce qu’Épicure appelait « l’ataraxie » c’est-à-dire, la paix de l’âme. Moi, je me suis aperçu depuis quelque temps que mon addiction était sans conteste Internet et pas seulement parce que j’écris, que je vais y chercher des renseignements, que j’y lis mes journaux préférés et que j’y tiens ce blog que vous me faites l’honneur de fréquenter. Mais simplement Internet pour Internet, comme ça sans raison formulée, et que ça me prend trop de temps sur mon temps de lecture, de promenade, de relation directe aux autres et d’autres choses « à voir et à z'entendre » comme disait Boris Vian. Finalement, ce break que je viens de rompre en utilisant l’ordinateur de ma compagne, m’a donné envie de respirer un peu d’équilibrer davantage mon temps d’ordinateur par rapport à mes autres activités, parce que le souffle de liberté que j’ai ressenti grâce à cette absence est aussi puissant que la sensation de fraîcheur que l’on éprouve en suçant une pastille de Fisherman’s Friend à l’eucalyptus et qui vous emporte le palais . Voici donc l’avantage de l’inconvénient. Mais ce qui m’a permis de réaliser l’importance de ma dépendance, c’était la peur de perdre toutes les données de mon disque dur. Le disque dur de secours faisait semblant de fonctionner, mais n’enregistrait plus rien depuis deux ans (je ne vérifiais pas). Damned ! Toutes les données perdues c’était grave, mais le plus grave c’était la perte d’un manuscrit de 185 pages sur lequel je m’échine depuis deux ans !! Imaginez l’horreur ! Pour moi surtout, pour mes futurs lecteurs, je ne sais pas. Par bonheur un technicien de mes amis a réussi à récupérer les données du disque dur qui donnait de sérieux signes de fatigue et qui lui aussi aurait fini par rendre l’âme ( pas le technicien, le disque dur). Jusqu’à ce que j’apprenne la bonne nouvelle ( pour une fois ce n’était pas celle des témoins de Jéhovah), j’attendais devant mon téléphone comme quelqu’un attendant le verdict d’un toubib après la grave opération d’un intime.
Cette petite mésaventure nous éclaire, pas seulement sur cette addiction mais sur d’autres… Comme, par exemple, celle que nous éprouvons au moment d’une panne d’électricité. Pas d’électricité, toute l’activité d’un pays s’arrête. Imaginez ce qu’un dictateur ou un terroriste pourrait faire de ça ! On comprend mieux l’intérêt voire la nécessité de la maison autonome.
Bien sûr des dépendances, il y en a d’autres, et notamment celles qui nous attachent aux autres, aux institutions, aux services publics, au voisinage. Et c’est pour cela que la notion de solidarité est si importante et que j’espère bien qu’elle retrouvera après 2012 le droit de cité qu’elle a singulièrement perdu depuis que le « chacun pour soi » tent à règner en maître.