Je lis dans le nouvel obs que Cavanna qui a 87 ans vient de sortir un bouquin : "Lune de miel".
Lune de miel c'est paraît-il comme ça qu'on appelle la période de rémission entre deux apparitions de la maladie de Parkison. Et d'un seul coup je suis pris de remord, car je l'ai un peu laissé tomber Cavanna. Je ne lis plus régulièrement Charlie Hebdo que j'ai dévoré pendant très, très, longtemps et qui m'a servi de base culturelle, et quand ça m'arrivait encore ces derniers temps, je voyais que Cavanna était toujours là, à brandir sans faiblir l'étendard de la révolte contre la connerie universelle dont il ne niait pas qu'il pouvait en être parfois porteur comme tout le monde. Le bonhomme est rude dit-on. Je crois surtout qu'il a la tendresse pudique et ça se ressent, bien qu'il la laisse affleurer dans ses bouquins, dans les "Ritals", dans les "Russkoffs", dans" Les yeux plus grands que le ventre" où il ne se fait pas de cadeau en évoquant ses propres faiblesses. Des bouquins à lire et à relire. Quand je lisais Charlie hebdo, je commençais toujours par l'article de Cavanna. Parce que le lire c'était prendre une leçon d'écriture, d'humanisme pas gnangnan, de liberté, de philosophie, d'ouverture d'esprit. Ça faisait du bien. Cavanna fait partie des gens qui sans le savoir m'ont fait la courte échelle. Je lui dois ça, je ne vois pas pourquoi je me gênerais de le dire. Un brillant autodidacte qui donnait envie d'apprendre, de comprendre, d'être moins con. Un mec bien, qui a dû en baver dans ces dernières années de Charlie Hebdo embourbées dans la zizanie et qui concluait après "l'affaire Siné" que " le fabuleux journal de Reiser n'avait existé que pour assurer la promotion sociale d'un ambitieux". Comme disait Desproges ou à peu près : "seule la virulence de mon hétérosexualité m'a empêché de lui demander de l'épouser"
Ah! au fait, joyeux Noël , Bonne Année et surtout ne lâchez rien.