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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 11:51

Après le tsunami de Mai-68, Charles de Gaulle proposa "la participation". C'était trop tard et surtout vécu comme une tentative pour sauver les meubles. La participation ne réglait pas tous les problèmes sociétaux loin de là et notamment esquivait la libération des mœurs suggérée par "les agités" et qui reste l'essentiel de l'apport de Mai 68. Sur ce plan Charles de Gaulle était un homme du XIXe siècle. mais sa proposition était  pourtant un sérieux pas en avant. Le problème, c'est qu'une bonne partie des citoyens en avaient marre de la monarchie constitutionnelle ( sous laquelle nous vivons toujours) et de l'écrasante figure tutélaire du "père". Ils étaient devenus sourds à toute proposition et ça arrangeait bien ceux qui détenaient le pouvoir économique et qui ont dû penser :" il a pété une durite le vieux !" A gauche on croyait encore dur comme fer à la dictature du prolétariat et aux lendemains qui chantent. La participation mettait en danger la lutte de classes et contestait le bien-fondé de la dialectique marxiste. Elle ne pouvait être qu'une collaboration de classes vécue comme une trahison. Le référendum qui suivit fut un échec, de Gaulle se retira, mourut peu après et la participation fut pour l'essentiel enterrée. 

 Voici l'extrait d'un entretien de Charles de Gaulle sur la participation radiodiffusé et télévisé avec Michel Droit le 7/6/1968 et qui pose clairement le problème en proposant une solution intéressante mais qu'on peut bien entendu discuter :

"D'abord, il y a le communisme qui dit : créons d'office le plus possible de biens matériels et répartissons-les d'office de telle sorte que personne n'en dispose à moins qu'on ne l'y autorise. Comment ? Par la contrainte. La contrainte morale et matérielle constante, autrement dit, par une dictature qui est implacable et perpétuelle, même si, à l'intérieur d'elle-même, des clans différents s'en saisissent tour à tour en se vouant aux gémonies; même si, depuis que se système est en vigueur en certains endroits, ses chefs, à mesure qu'ils se succèdent, se condamnent les uns aux autres, comme s'il était prouvé d'avance que chacun devrait échouer à moins qu'il ne trahisse. Non, du point de vue de l'homme, la solution communiste est mauvaise.

Le capitalisme dit : grâce au profit qui suscite l'initiative, fabriquons de plus en plus de richesses qui, en se répartissant par le libre marché, élèvent en somme le niveau du corps social tout entier. Seulement voilà: la propriété, la direction, le bénéfice des entreprises dans le système capitaliste n'appartiennent qu'au capital. Alors, ceux qui ne le possèdent pas se trouvent dans une sorte d'état d'aliénation à l'intérieur même de l'activité à laquelle ils contribuent. Non, le capitalisme du point de vu de l'homme n'offre pas de solution satisfaisante.

Il y a une troisième solution: c'est la participation, qui, elle, change la condition de l'homme au milieu de la civilisation moderne. Dès lors que des gens se mettent ensemble pour une oeuvre économique commune, par exemple, pour faire marcher une industrie, en apportant soit les capitaux nécessaires, soit la capacité de direction, de gestion et de technique, soit le travail, il s'agit que tous forment ensemble une société, une société où tous aient intérêt à son rendement et à son bon fonctionnement et un intérêt direct. Cela implique que soit attribuée de par la loi, à chacun, une part de ce que l'affaire gagne et de ce qu'elle investit en elle-même grâce à ses gains. Cela implique aussi que tous soient informés d'une manière suffisante de la marche de l'entreprise et puissent, par des représentants qu'ils auront tous nommés librement, participer à la société et à ses conseils pour y faire valoir leurs intérêts, leurs points de vue et leurs propositions. C'est la voie que j'ai toujours cru bonne. C'est la voie dans laquelle j'ai fait déjà quelques pas; par exemple en 1945, quand, avec mon gouvernement, j'ai institué les comités d'entreprises, quand, en 1959 et en 1967, j'ai, par des ordonnances, ouvert la brêche à l'intéressement. C'est la voie dans laquelle il faut marcher."

Qui disait : "l' Histoire ne se répète pas, elle bégaie" ? C'est Karl Marx, je crois.

Quand on lit ça, par comparaison, on trouve Nicolas Sarkozy vraiment minuscule.

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commentaires

F
<br /> <br /> la désertification de nos zones industrielle ,est la preuve du désastre causé par la délocalisation de<br /> notre production dans les pays émergents , le poids des salaires représente une partie de ces conséquences désastreuse ,bien sur il n'ai pour moi question de<br /> diminuer le poids des salaires, mais le toujours plus des syndicats ,se transformeras systématiquement ,par le toujours moins d'entreprise ,et la suite on la connais. Je me<br /> souviens des manifestations de gauche ,CGT en tête, contre le Général et sa participation, ces derniers réclament plutôt la hausse de leurs<br /> salaires plutôt que l'intéressement aux bénéfices ,qui ne pouvait qu'être une manœuvre du capitalisme ,le patronat<br /> lui étant pas tellement chaud des cette nouvelle donne ,Pompidou  la traitait de chimère . <br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> Pompidou était un serviteur des banques à l'origine. On traite toujours de chimère ou d'utopie ce que l'on ne veut absolument pas voir arriver. Il y a là un discours sous-jacent : "On  serait<br /> pour si c'était possible malheureusement c'est une utopie une chimère" Amen. Apprécions l'hypocrisie. La participation avec sa connotation auto-gestionnaire et qui trouve ( avec les scops) son<br /> inspiration dans le programme du CNR, a toujours été vue par les partis de gauche comme de droite et à fortiori par les possesseurs du capital, comme extrêmement dangereuse, pour les uns par peur<br /> d'une perte de contrôle des masses et pour les autres par peur d'une atteinte à leur propriété<br /> <br /> <br />
F
<br /> En ces temps la ,la chine ne s'était pas encore éveillée, l'Inde n'était qu'un rendez vous pour safaris , l'UE n'était pas né , en somme la<br /> FRANCE était presque le centre du monde, et pour lancer cette idée de participation  ,( qui à été très controversée )le Générale avais à convaincre que<br /> notre pays, depuis le monde à changé ,et les lois sur les charges ou prélèvement sur les revenus des entreprises ,doivent faire l'objet<br /> d'un consensus, au minimum européen ,et idéalement mondial ,si non le but ,louable,  recherché , se retourne conte l'emploie et de ce fait contre<br /> l'ouvrier. <br /> <br /> <br />
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G
<br /> Va au bout de ton raisonnement foujuste : Pourquoi donc le but, louable, recherché, se retournerai contre l'emploi et d ce fait contre l'ouvrier ? Pourquoi? soit plus précis. N'est-ce pas ton chef<br /> bien aimé qui a dit récemment que lorsque l'on voulait que quelque chose se fasse il fallait commencer par le faire et ne pas attendre le consensus des autres ?<br /> A ton avis Foujuste, pour quelle raison cette proposition du général a été si controversée ?<br /> <br /> <br />
M
<br /> Hello Giher, ainsi parlait il, avec un soupçon de littérature. Depuis, les choses de la vie ont changé et vite, en une génération. L'activité, que dis-je, l'affairisme humain, a abouti à<br /> l'attribution de milliards d'euros à quelques uns, traders, dans certains pays, et à la famine et l'appauvrissement pour des milliards d'individus dans d'autres. Il faut s'élever et<br /> considérer les choses un peu globalement. Il n'y a plus de barrière à l'appât du gain et aux moyens de parvenir à ses fins. Bonté et générosité ne sont pas d'une qualité actuellement<br /> valable...  il n'est pas question d'aller prier à l'église, ou ailleurs, devant un autel. Non, non... tous les discours, toutes les promesses, tous les agissements, ne sont rien si à la base,<br /> l'homme n'a pas envie de voir l'autre heureux.... comment pourrait-il le vouloir, celui qui prend le pouvoir ? Aujourd'hui, pour acquérir le pouvoir, par quels chemins arides et décapants ne<br /> faut-il pas qu'il passe ? Carrément, je pense qu'un homme bon et heureux ne peut pas être au pouvoir. Et rien de bon et heureux alors ne peut arriver aux autres.... que des arrangements qui<br /> n'ont qu'un but. Le progrès ?<br /> <br /> <br />
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G
<br /> je ne suis pas contre la littérature surtout lorsqu'elle est utile à la compréhension des propos tenus. A l'époque, la financiarisation de l'économie n'était pas aussi visible qu'aujourd'hui. le<br /> phénomène s'est amplifié et s'étale avec l' impudeur et l'arrogance de ceux qui sont assurés de l'impunité. Il n'est pas question de bonté et de générosité ( la société n'en est pas là !) mais<br /> simplement d'une action d'harmonisation porteuse d'une relative paix sociale. Quand aux hommes de pouvoir il est certain que ceux qui seraient les plus aptes à l'exercer c'est à dire en ayant la<br /> conviction qu'ils sont au service de la population et non pas prioritairement au service deux-mêmes, ces hommes-là non seulement sont rares mais ne veulent généralement pas du pouvoir<br /> <br /> <br />
C
<br /> tres intéressant ce texte du general. on ne peut nier qu'il était d'une intelligence rare. cela dit, et j'avais fait un article sur ce sujet chez l'agrume, il est indispensable de creer un cadre<br /> juridique contraignant. du style: pas de participation = pas de dividendes distribués. et vice versa. de nombreux patrons voulant se faire passer pour des progressistes, voire des socialistes usent<br /> de stratagèmes assez grossiers; fixer le niveau de résultat ouvrant droit à participation de manière à ce qu'il ne soit que rarement atteint et bien sur après que leqs actionnaires se soient<br /> servis. bien que je préfère le salaire comme méthode de revenus (parce que le salaire permet de financer les comptes sociaux), je pense qu'il faudrait faire imposer le système par la loi avec des<br /> quotats pour les reserves de l'entreprise, les dividendes et la participation en empêchant que le patronat utilise le système pour y adjoindre des conditions particulieres restrictivesdu style: "si<br /> les résultats qualitatifs ne sont pas au rendez vous, la participation sera réduite. ces cas la sont de plus en plus nombreux. autre connerie:" les salaires ne sont pas tres élevés mais il y a de<br /> la participation sans cotisations sociales". résultat: sécu en chute et retraites en faillite. une idée pas trop mauvaise sur le papier peut se révéler tres néfaste dans la pratique.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> D'accord avec toi, la qualité d'une idée n'est pas à confondre avec son application qui peut être perverse. Donc il faudrait des gardes-fous et mettre en place une loi solide qui ne serait pas<br /> rédigée à la hâte comme c'est souvent le cas. mais il est certain qu'il y a là quelque chose à creuser dans le cadre d'une troisième voie et sur laquelle les socialistes devraient peut-être se<br /> pencher entre deux crêpages de chignons et orions divers. Cela dit ce qu'il y a aussi de très intéressant dans cet extrait de texte c'est la précision percutante, concise et pédagogique de la<br /> description des avantages et inconvénients des systèmes communistes et capitalistes pour aboutir au rejet de l'un et de l'autre. Il y avait dans le gaullisme un fond monarchique ( un roi et ses<br /> thuriféraires) qui était insupportable et que j'ai personnellement toujours rejeté. Mais reconnaissons-le, dans ce texte quel talent !<br /> <br /> <br />

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  • 73 ans. Retraité, écrivain à ses heures, collectionneur de collections, amateur de jazz, de cinéma de BD et de philo
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