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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 23:24

En 1972 il y  eut  18 630 morts en un an sur les routes françaises . Énorme ! l'équivalent de la population de la ville de Lons-le-Saulnier aujourd'hui ! Sans compter les blessés        ( 369 733). Une boucherie !   Aujourd'hui il n'y en a plus que 4000 et 79 000 blessés. On aura du mal à descendre plus bas. Il faut en féliciter les pouvoirs publics qui à coup de limitations de vitesse, de radars, de jumelles laser, de contraventions, de permis à points, de présence policière ont fait diminuer de manière spectaculaire ce carnage, en n'oubliant pas tout de même, parce que ce serait injuste de le faire,  l'amélioration des routes, la fiabilité des voitures et l'amélioration  de la sécurité par le renforcement des carrosseries, les airbags (ils m'ont sauvé la vie) et les systèmes de freinage sophistiqués ainsi que les contrôles techniques et les crash-tests préalables au lancement des modèles. Au point que l'on peut se demander quelle est la part réelle de l'impact du dispositif policier par rapport à ces autres critères. Jusqu'à présent je n'ai pas vu d'étude la-dessus. (en 1972 le parc automobile était encore assez déglingué )

La sécurité automobile - et la sécurité tout cours- est l'une des préoccupations majeures des Français, donc des politiques. C'est bien. À la moindre augmentation ponctuelle du nombre de morts sur les routes, le pays est en émoi parce chacun se dit qu'il pourrait partager le sort des accidentés.

Mais que dire alors des 20 000 décès accidentels de la vie courante constatés chaque année en France ( hors accidents d'automobile) chutes, explosions noyades, victimes d'incendies  etc.. annoncés avec discrétion ? Comment ce fait-il que nos chers concitoyens aussi bien que les pouvoirs publics soient beaucoup moins offusqués par ces 20 000 morts que par les 4000 sur la route ? Comment ce fait-il, qu'ils ne s'insurgent pas ? que des campagnes de prévention aussi efficaces et coûteuses que celles concernant les accidents de la route ne soient pas mises en œuvre avec toute la dramatisation dont sont capables les créatifs de la pub ? Comment se fait-il qu'on n'entend pas parler de mesures drastiques présentées par des ministres solennels : sécurité renforcée des piscines, du matériel de cuisine, des échelles coulissantes, des appareils à gaz, des escaliers, du respect de la réglementation sur la sécurité des immeubles d'habitation, pour faire tomber ce chiffre des explosions de gaz, gadins dans l'escalier, chutes d'échelle, noyades, empoisonnements alimentaires, incendies, accidents domestiques divers ? Comment se fait-il qu'on ne prend pas plus au sérieux les innombrables études établies par les magazines consuméristes et qui dénoncent la dangerosité de certains de nos objets et denrées de consommation ? sans compter que certains d'entre-eux sont cancérogènes, mais ça, ça n'entre pas dans les accidents mais dans les maladies ( à noter que certaines maladies pourraient être considérées d'origine accidentelle ou liées à une absence de sécurité. Les problèmes liés à l'amiante : accident  ou seulement maladie ? La silicose : accident ou seulement maladie ? ) Comment ne pas s'inquiéter de la liste interminable publiée par Que-Choisir des innombrables "rappels" d'objets de consommation dont certains urgents et qui nous font penser que certaines mises sur le marché sont pour le moins hâtives voire criminelles.

 Vous connaissez mon caractère fielleux, il m'oblige à me demander si pour les politiques de droite, du centre, de gauche - je ne fais pas de distinction- l'intérêt et la mobilisation pour cette masse hétérogène de 20 000 morts ne sont pas  électoralement incorrects, c'est-à-dire, peut-être inconsciemment, considérés comme moins "payants" que celle de ces 4000 morts qui forment une masse compacte et terrifiante, immédiatement identifiable par notre imaginaire et souvent ponctuellement constatable lors de nos déplacements et à laquelle, parce que nous sommes tous des automobilistes en puissance et que l'automobile reste l'objet culte n°1 - "en vente libre" dit Julliard dans Marianne -, il est aisé de s'identifier et de s'en sentir solidaire. Alors que le type qui tombe de son échelle en nettoyant sa gouttière ( tout le monde n'a pas de gouttière) ou qui se noie dans sa piscine ( tout le monde n'a pas de piscine) fait partie de ces 20 000 morts discrets qui échappent au constat et à l'imaginaire collectifs et à l'émotionnel qui est plus que jamais une composante de la politique.  Sur  un autre plan,  n'oublions pas que la prévention, donc la coercition routière, c'est facile à mettre en œuvre et ça peut rapporter gros, tandis que la coercition domestique....

Vous trouvez qu'il semble tordu de se poser la question ? Pas tant que ça finalement.

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commentaires

M
<br /> <br /> la "coercition domestique", voilà ce qu'il fallait souligner... Un crash de voiture bien sanglant, ça frappe... plus qu'un escabeau ou un bouton de gaz... je suis d'accord qu'une<br /> repression dans le cadre de la sécurité routière aide à prendre conscience qu'on ne conduit pas une trotinette en bois à la place d'une masse de fer cisaillant... Il faut savoir ce<br /> que c'est une automobile. C'est lourd, ça tranche, ça peut exploser. Non, je pense que les accidents domestiques sont moins glorieux. La piscine.... oui, qui a une piscine...<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> moins glorieux, moins payants électoralement parlant parce qu'ils parlent moins à l'imaginaire.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • 73 ans. Retraité, écrivain à ses heures, collectionneur de collections, amateur de jazz, de cinéma de BD et de philo
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