Ce qui, encore mieux que pour les autres tendances politiques, caractérise le sarkozisme malgré les déclarations de franchise de son chef, c'est l'hypocrisie et le mensonge, le " faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ", c'est l'oxymore permanent.
Mais alors que le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, représente l'archétype du faux-cul fielleux, inculte, débiteur de contre-vérités au kilomètre, et que je n'aurais pas voulu avoir comme compagnon de pupitre dans ma classe à l'école communale, il en est un, inculte également, qu'il faut observer avec la plus grande attention parce qu'il est le "témoin" le plus fiable du sarkozisme, celui qui le raconte le mieux. Une sorte de "ravi" content de lui, fier de ses actes, qui montre le vrai visage du régime avec une candeur presque émouvante, alors que tous les autres font, depuis peu, le maximum pour que ce ne soit pas trop voyant. J'ai nommé Christian Estrosi. Il s'est illustré récemment et brillamment dans la bataille pour la justification du débat sur l'identité nationale. Je vous laisse savourer :
"Qu’est ce que le débat sur notre identité nationale a de si effrayant que l’on devrait éviter d’en parler"(...) Si, à la veille du second conflit mondial dans un temps où la crise économique envahissait tout, le peuple allemand avait entrepris d’interroger sur ce qui fonde réellement l’identité allemande, héritière des lumières, patrie de Goethe et du romantisme, alors peut-être, aurions-nous évité le naufrage de la civilisation européenne".
C'est magnifique ! Bien que ça fasse complètement l'impasse sur le contexte historico-politique de l'époque, sur l'inanité à courte vue du traité de Versailles, sur l'énormité de la dette de guerre de l'Allemagne, sur le marasme économique effroyable qui a suivi la première guerre mondiale. Effectivement, alors qu'il fallait une brouette de billets de banques pour acheter un croûton de pain, un débat sur l'identité nationale sur Goethe et le romantisme allemand se justifiait de manière urgente et aurait permis aux Teutons d'oublier qu'ils avaient faim et froid ! On est confondu par la connerie de ce ministre de la République.
Mais il y a une logique dans ce cerveau embué. Il sait bien que notre propre débat sur l'identité nationale est là pour faire oublier que le sarkozisme, ses rodomontades, ses effets d'annonce et son autosatisfaction permanente commencent à sérieusement gonfler les glandes d'une majorité de Français. Parce qu'ils ont le regard fixé sur leur pouvoir d'achat qui baisse alors que la principale promesse de campagne du président c'était justement qu'il devait monter, qui constate que l'insécurité qui était le cheval de bataille qui avait siphonné l'électorat du FN est toujours en pleine forme, que le chômage se développe, que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.
Mais le portrait de Christian Estrosi et par contre-coup du sarkozisme serait incomplet si on oubliait ses réalisations et ses desseins les plus brillants qui démontrent qu'il est un concurrent dangereux pour Brice Hortefeux au ministère de l'intérieur
Citons :
le couvre-feu pour les moins de 13 ans dans sa ville Nice "où il n'y a pas d'enfants" comme dit mocekx, la proposition d'une unité spéciale de police consacrée aux établissements scolaires, la loi sur le délit de participation à une bande violente, la proposition de supprimer les prestations sociales des parents qui ne maîtrisent pas les débordements de leurs enfants, la mise en place de portiques de sécurité dans certains établissements scolaires, la proposition selon laquelle " tout enfant né de parents en situation irrégulière ne puisse plus réclamer son appartenance à la nationalité française"
En 1991 Christian Estrosi, qui n'en rate pas une, avait déposé une proposition de loi visant à rétablir la peine de mort.
Un des slogans de mai 68 ( berk, berk ,berk) était : "Sous les pavés la plage". Celui du sarkozisme pourrait être : "Sous le sarkozisme l'État policier"