Les médias tels Sisyphe poussant éternellement son énorme rocher sur une forte pente d'une colline du Tartare, sont condamnés à remplir du papier (toujours la même surface) ou du temps radiophonique ou télévisuel (toujours le même), quel que soit les évènements qui se présentent à eux. Quels sont les critères qui président à la hiérarchie des informations décrites et commentées ? La réponse est facile : le choix hiérarchique se fait en fonction du lectorat visé et de la période de l'année propice ou non à l'évènement ou au non-évènement. Ainsi , le petit chat dans l'arbre délivré par les pompiers en plein mois d'août, peut-il, le pauvret, faire la Une des journaux populaires. Alors que les journaux "sérieux" ne le mentionneront nullement ou alors sous la forme d'un entrefilet en page 8. Même punition pour les journaux radiophoniques ou télévisés condamnés de toute manière à remplir de l'espace temps quel que soit la récolte d'information (1) Il y a parfois des disettes , mais elles ne diminuent en rien cet espace-temps ou la surface du papier. Quand on manque de confiture pour une surface habituelle de tartine, que fait t'on ? On étale bien sûr. Rapporté au médias, Ça réclame de l'éloquence et même de l'imagination. Puis il y a les périodes fastes, celles ou il semble légitime de faire mousser l'évènement parce qu'il est réel et que ses conséquences sont importantes, ceux-là sont relativement rares, ou seulement parce qu'il est susceptible de toucher un large public. C'est le cas de la démission du pape qui est une véritable bénédiction, si j'ose dire, pour l'ogre médiatique qui avait fini de tordre la serpillière complètement à sec du mariage pour tous. Quelles sont les conséquences réelles ? Minimes. On choisira un nouveau vieillard qui sortira les mêmes homélies réactionnaires, comme si le Vatican était coupé du monde, et roule ma poule ! En attendant, l'évènement bouleverse, interroge ou intéresse plus ou moins POTENTIELLEMENT un milliard de catholiques. Pas question de mettre l'évènement à sa juste place.
Finalement on peut se demander si les journaux honnêtes ne seraient pas ceux qui ne comporteraient que quatre pages parce qu'il n'y a rien d'intéressant à moudre, dito pour les journaux télévisés ou radiophoniques qui ne dureraient que dix minutes dans ce cas, le temps restant étant rempli avec un dessin animé de Tex Avery ou même une mire. À l'inverse en cas de pléthore d'informations essentielles on ajouterait 10 pages au journal papier et 25 minutes au journaux télévisés ou radiophoniques, ce qui arrive parfois mais rarement, et qui montre que ça peut éventuellement fonctionner dans un sens mais pas dans l'autre.
Mais as-tu pensé, pauvre crétin, me rétorquerez-vous, Ce que ça veut dire pour le téléspectateur bien calé dans son fauteuil club et qui en veut pour une demi-heure parce qu'on la lui doit, alors qu'on lui en donne moins , ou pour l'abonné à un magazine qui a bien acheté à prix fixe un magazine de X pages et qui se retrouve avec quelques pages à survoler pour cause de disette ? Ils hurleraient au loup les mecs. Ce serait le bordel fils, crois-nous, ajouterez-vous à votre rétorquation ( je vous offre le néologisme). Laisse tomber tes élucubrations et continuons comme avant. C'était bien avant, non? merde alors ! J'aurais beau dire que vous pourriez faire autre chose à la place, par exemple faire des folies avec votre bergère sur le canapé (2), trouver un chat pour jouer avec votre chien qui en a marre de ne bouffer que des croquettes, ou arroser les plantes du balcon pour emmerder le voisin du dessous qui fait la même chose avec celui encore placé en-dessous, vous n'en démordrez pas ! Je le sais bien.
(1) D'où au mois d'août, les sempiternels reportages sur les plages bondées, et l'hiver, les éternelles chroniques sur les automobilistes aux prises avec la neige et le verglas
(2) Je ne voudrais pas être trop lourdingue, mais la relation en cascade entre les folies et la bergère et entre la bergère et le canapé, m'a parue plaisante. Non ? Ben tant pis !