Nous assistons en ce moment à un bien étrange spectacle du côté de la sphère politique.
L'UMP en pleine déliquescence et qui sort d'une impressionnante série d'échecs électoraux n'a jamais été aussi arrogante, aussi triomphante, exactement comme si elle avait remporté l'élection présidentielle. Elle donne à la gauche des leçons de cohérence alors qu'on a vu pendant 5 ans, incohérences, atermoiements, effets d'annonce non suivis d'effets, décisions précipitées, et même un mea culpa sur les erreurs du président, ainsi que quelques scandales qui couvent encore. Orpheline de son chef suprême elle en est réduite aux caquetages incessants et à taper à bras raccourcis sur le gouvernement pour justifier son existence. Malgré ce tintamarre, on voit à travers cette primaire qui n'en est pas une et l'affrontement à fleurets très mouchetés entre deux tendances : le gaullisme social et la droite qui jette des regards gourmands vers l'extrême droite, qu'elle ne déclenche pas l'enthousiasme. L'émission des paroles et des actes sur l'A2 a été un flop et a enregistré la plus mauvaise audience de cette émission après celle consacrée à Alain Juppé.
De leur côté, les médias, y compris les médias de gauche, assomment de critiques le gouvernement qualifié "d'amateur" à longueur de pages et d'antenne, sans reconnaître un seul instant les actions entreprises et en évitant bien de faire la part des choses. Critiques dans lesquelles le soucis de vouloir paraître objectif, le dispute à la raison et à l'honnêteté. On l'a vu après le cafouillage sur la loi Duflot qui a déclenché un tollé et un recours auprès du conseil constitutionnel , ce qui a permis d'éviter de parler du contenu de cette loi et de sa pertinence. C'est "tout bénef" pour la droite.
Quant au gouvernement qui est confronté d'une part à une situation difficile dont une bonne part lui a été léguée par le gouvernement précédent, il poursuit tant bien que mal ses objectifs. Cette volonté étant masquée par son inexpérience du pouvoir, quelques "couacs" fâcheux dont l'opposition fait, bien entendu, des gorges chaudes au-delà de la pudeur la plus élémentaire, et l'attitude de certains ministres qui jouent "perso". Il faut ajouter à cela un gros déficit de communication qui lui fait grand tort et l'incapacité à taper aussi fort sur les casseroles de l'adversaire que la droite très performante sur ce plan-là (1) et qui en a pourtant quelques unes accrochées à son pare-choc arrière et qui font un bruit d'enfer. Taper sur les casseroles de l'adversaire fait oublier les siennes. C'est une stratégie vieille comme le monde. La droite excelle dans cet exercice.
Au congrès de Toulouse Ségolène Royal a dit ceci qui devrait être médité par le gouvernement :
«Les Français attendent de comprendre le sens des efforts qui leur sont demandés, les objectifs de civilisations. Il faut redresser cette cote de popularité en redonnant du sens et en expliquant les raisons qui imposent les sacrifices»
La gauche me fait penser à ses films sur la boxe où un boxeur en difficulté reçoit coup sur coup sans réaction efficace et à qui l'on a envie de crier : "Mais réponds, nom de Dieu, balance-lui un bon bourre-pif ! "
Il est grand temps pour la gauche de se rassembler plutôt que de se disputer, ce qui fait le jeu de l'adversaire, d'expliquer et d'expliquer encore et de mettre en valeur les actions entreprises afin de fermer leur caquet aux aboyeurs de la droite.
(1) les séquences télévisées de l'assemblée nationale de ces derniers jours rendent dubitatifs sur l'image qu'offre aux citoyens ce qu'on appelle la démocratie parlementaire