"Un abîme est devant nous, où nous entraîne une politique sans hauteur qui, depuis mai 2012, n’a cessé de plier devant les obstacles – européens, financiers, institutionnels. Cet étrange renoncement ne sauvera rien, pas même la gauche au pouvoir dont l’impuissance face au désastre social de 2013 appellera une sanction électorale en 2014." C'est ce qu'écrit Edwy Plenel ce matin dans Médiapart dans un article intitulé L'abîme ou le réveil. Sanction électorale ? Sans doute face aux atermoiement et à la mollesse du PS malgré la présence et les actions de quelques personnalités atypiques : Taubira, Peillon, Montebourg qui laissent percer une faible lueur noyée dans un gouvernement empatouillé dans sa comptabilité , ses timidités et son impuissance. Mais pour laisser la place à qui ? à l'UMP qu'on a subie pendant 5 ans et dont la politique ne fut pas, pour utiliser un euphémisme, un triomphe, et dont l'empoignade de cour de récré entre Fillon et JF Copé ne peut que provoquer la suspicion des électeurs de droite qui en sont pour certains nostalgiques qui confondent brutalité et autorité à souhaiter le retour de Napoléon de l'île d'Elbe ? Au front national, dont les effort pour faire oublier qu'il est un parti d'extrême droite sont remarquables, mais qui serait bien incapable de gouverner et dont la présence à la tête de l'état serait une catastrophe parce qu'il n'a à proposer que les recettes éculées d'une démagogie à base de socialisme national ou d'un national-socialisme qui exprime sa haine de la différence et qui rêve que ce soient exclusivement de "vrais Français" estampillés qui vident nos poubelles et rénovent nos trottoirs ? Les écologistes ? Ils sont devenus inaudibles depuis leur participation au gouvernement. D'ailleurs, l'écologie plus personne n'en parle, à part quelques spécialistes. On comprend que les citoyens français soient déboussolés et n'attendent plus grand chose de la sociale-démocratie, pas plus que du conservatisme condamné à des gesticulations dans l'hémicycle qui tiennent lieu d'opposition constructive.
Nous avons tous compris que nous nous trouvons devant une crise de civilisation sans précédent que l'on ne règlera pas en utilisant la vieille boîte à outil d'une démocratie parlementaire vieillissante, mais en essayant d'abord de comprendre ce qui nous arrive et d'agir individuellement avant de remettre aveuglément nos espoirs de citoyens entre les mains des politiques.
Plenel termine sont article par une citation à méditer du livre de Vincent Peillon "Éloge du politique" (Seuil) sorti un an avant qu'il ne devienne ministre du gouvernement : "(...) L’idée d’une politique “antipolitique” signifie (...) que le politique n’est pas la politique, n’est pas la question du pouvoir mais celle de la vie dans la vérité. Un syndicaliste, un militaire, un homme de théâtre, un journaliste, un philosophe ébranlent alors le monde, beaucoup plus que ne le feront jamais les politiciens. »