La firme Apple championne du monde de l'obsolescence programmée vient de lancer sur le marché ( impossible de l'ignorer) son nouveau bébé l'IPhone 5. Il fait des ravages. Des foules hystériques ont fait la queue pendant des heures voire des jours enroulées dans des sacs de couchage, comme des SDF, mais en version friquée pour compter parmi les premiers à acquérir cet engin révolutionnaire qui vaut autour de 650 € et dont les fonctionnalités seraient bouleversantes. Résultat : 5 millions d'Iphone 5 vendus en 3 jours ! Pourtant les tests que j'ai pu lire montrent que l'Iphone 5 n'a justement rien de bouleversant. Une grande partie du savoir faire d'Apple, c'est devenu un lieu commun, est investie dans son marketing.
J'ai vu sur le magazine en ligne "arrêt sur image" une vidéo concernant le lancement du ce nouvel Iphone ( malheureusement je n'ai pu la copier). Un reporter pratiquant la technique du micro-trottoir présentait l'engin à des passants en leur demandant leur avis sur cette nouvelle merveille indispensable. Le résultat est stupéfiant : les personnes interrogées trouvaient pratiquement toutes qu'il était, soit plus léger, soit que l'écran était plus grand, où qu'il était plus rapide, moins épais etc ... Une des personnes interrogées manifestait même son contentement en comparant les deux Iphones qu'elle avait dans les mains : le sien et celui présenté par le reporter. C'était formidable... sauf que l'Iphone présenté était l'ancien, pas le nouveau qui n'était pas encore sorti !
Expérience intéressante qui montre l'influence d'un plan marketing génial sur l'entendement des utilisateurs, mais aussi l'influence du sentiment général ( ça se fabrique) sur l'avis individuel initial.
D'autres expériences du même type ( les expériences de Asch, sur le biais de conformité (1) ont été réalisés aux états unis dans les années 60, parmi lesquelles cinq compères + un cobaye, se voyaient présenter un panneau avec trois lignes droites verticales parallèles et de différentes longueurs nommées 1,2,3. Sur la gauche du panneau était présentée la droite la plus longue. L'animateur demandait alors qu'elle était sur les trois droites désignées celle qui se rapprochait le plus de celle placée à gauche Tous les compères désignèrent une ligne qui manifestement était la plus courte. Quand vint le tour du cobaye, il hésita un instant et se rangea à l'avis des autres ! Cela fait réfléchir, notamment sur l'influence des sondages dans le vote des citoyens, sur l'influence du groupe sur notre propre raison et sur les manipulations qui nous embrouillent quotidiennement l'existence. Le hasard a voulu que dans la même journée j'ai vu un docu-fiction (canalsat "Toute l'histoire") sur le créateur du premier grand magasin : "Le Bon Marché", Aristide Boucicaut, qui fut parmi les premiers à s'intéresser en profondeur à la psychologie des consommateurs ( surtout des consommatrices) et à mettre en place toute une stratégie innovante pour les séduire et les conduire à acheter des produits dont ils n'avaient pas forcément besoin. Stratégie qui fit des émules et dont on sent encore l'influence dans les publicités d'aujourd'hui qui tablent bien davantage -avec la complicité implicite de l'utilisateur éventuel- sur la séduction et la valorisation des classes sociales ciblées que sur l'information concernant la fiabilité et l'utilité des produits présentés ; ce qui n'est d'ailleurs pas leur propos. À quand, un consommateur adulte ?
(1) mise en conformité à l'avis du groupe même s'il est contraire à l'avis individuel initial.