S'il y a bien une élection présidentielle qui milite en faveur d'une sixième république, c'est bien celle-ci. La logique de l'homme providentiel occultant le fond au bénéfice de la forme et de la frime.
les démonstration de force de Dimanche, ne sont qu'un concours d'efficacité entre deux logistiques. dans cet exercice celle de Sarkozy qui bénéficiait, c'est sûr, de davantage d'argent, n'a pas fait la différence. Et les barrières mises en place pour compacter les supporters du président, montrent que le plein espéré n'a pas été réalisé. On était loin de la levée en masse de la "majorité silencieuse" de l'après Mai 68.
Nous en sommes là ! Le grand triomphateur de cette élection c'est l'image et dans ce domaine Jean-Luc Mélanchon en a remontré dans le genre "manifestation de plein air" aux deux mastodontes malgré une logistique très inférieure.
Un homme qui représentait le fond beaucoup plus que la forme est mort le 10 avril. Raymond Aubrac grand résistant, qui ne cessait de répéter que les idéaux développés par le Conseil National de la résistance : "Sécurité sociale et retraite généralisée, contrôle des féodalités économiques, droit à la culture et à l'éducation pour tous, une presse délivrée de l'argent et de la corruption, des lois sociales, ouvrières et agricoles." étaient vidés peu à peu de leur substance. Notamment par Nicolas Sarkozy dont un proche ultra-libéral avait, en début de mandat, déclaré qu'il fallait éradiquer une bonne fois pour toutes le programme du CNR.
Nul n'ignore que Raymond Aubrac était un opposant de Nicolas Sarkozy. Apprenant que celui-ci voulait présider les obsèques du grand résistant, sa famille a tout de suite annoncé la couleur : pas de discours du président qui devra se contenter d'assister à la cérémonie comme les autres représentants des partis politiques.
Raymond Aubrac n'était pas seulement un opposant à Nicolas Sarkozy il était également un opposant à l'élection présidentielle au suffrage universel " A ses yeux, ce mode d'élection conduisait la vie politique à la vacuité, engendrant la prééminence des personnes sur les idées, de la forme sur le fond. Il dénonçait notamment le danger d'"une élection par les médias", stigmatisait des campagnes électorales "à l'américaine", fondées sur l'instant, sur la réactivité plutôt que sur la réflexion, maudissait les sondages "devenus la base d'une politique court-termiste".
À quand, la VI ème république ? Il faudra y travailler car il ne faudrait en aucun cas qu'elle soit un retour aux errements d'une IV ème finissante !
J'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec Raymond Aubrac dans mon village il y a trois ans. L'impression ressentie : dignité et détermination, mais aucune nostalgie chez cet homme de 94 ans qui malgré son âge continuait à sillonner la France pour montrer qu'une autre politique était possible, plus juste, plus solidaire. La preuve que cette politique elle était possible ? : il l'avait touchée du doigt lorsqu'il était commissaire de la République à la libération, avant que les puissances d'argent reprennent la place qu'elles estimaient légitime, après l'épuration.
source : Le monde"