L'art comme l'émotion artistique n'ont pas d'âge. J'en éprouve, peut-être moins a la contemplation de certaines œuvres récentes, qu'à la vue de cet étonnant bison de l'art magdalénien découvert sur le site archéologique de la Madeleine ( d'où le nom de magdalénien) à Tursac en Dordogne en 1863.
Ce qui frappe c'est sa facture qu'on pourrait croire très contemporaine. L'artiste contraint par la petite dimension du bois de renne ( 10,5 cm) sur lequel il a sculpté cette figure magnifique en léger relief, a choisi de représenter le bison, la tête retournée , se léchant le buste. La sculpture qui va à l'essentiel, comme un croquis enlevé, est d'une expression saisissante de vie et de vérité qui atteste d'un bel esprit d'observation. Il est possible que cette minuscule sculpture ait été le fragment d'extrémité d'un propulseur, instrument de chasse muni d'un crochet qui permettait d'allonger le bras pour projeter un javelot. La période magdalénienne se situe ente 18 000 et 10 000 ans avant JC et correspond à la période de la grotte de Lascaux dont l'art pariétal est plus jeune, si j'ose dire, que celui de la grotte Chauvet (entre 32 000 et 27000 ans avant JC, qui se situe dans la période aurignacienne à la fin du paléolithique supérieur)
Bien entendu, aujourd'hui, comme le site de la Madeleine est devenu touristique, on trouve à proximité, des élevages de bison et des boutiques qui vendent des répliques en résine plus ou moins réussies de ce merveilleux bison. je ne serais pas étonné qu'il en existât en nougat et en pain d'épice. L'artiste était loin de se douter que cette œuvre modeste mais émouvante deviendrait un jour célèbre et copiée à des milliers d'exemplaires comme cette statuette pré-colombienne de l'Oreille cassée objet de toutes les convoitises dans l'une des aventures de Tintin et Milou