Vu INVICTUS hier soir au cinéma de mon village.
Ce bon clint étonne d'année en année par ses capacités créatrices. Au point de vue de la production d'œuvres de qualité il va finir par dépasser John Huston ou Fassbinder ou même Roger Corman.
Le parcours est étonnant passant par les westerns de Sergio Leone et les aventures réacs de l'inspecteur Harry pour aboutir a des films de plus en plus humanistes au fil du temps. On pourrait lui reprocher une tendance un peu trop appuyée à faire pleurer Margot. (L'échange, Million Dollar baby, Sur la route de madison et même invictus) mais il faut lui reconnaître un sens du récit , un grande efficacité narrative et une conviction humaniste qu'on pouvait chercher en vain dans ses premiers films. Donc dans Invictus , même si la relation du match de finale de coupe du monde de Rugby 1995 est un peu longue, on ne s'ennuie pas.
Le film raconte l'arrivée de Nelson Mandela au pouvoir en Afrique du Sud et la manœuvre très subtile du président qui consista à utiliser la coupe du monde de Rugby organisée par l'Afrique du Sud pour donner un commencement à la cohésion de deux clans hostiles : les Blancs et les Noirs majoritaires dans le pays. Le film n'évite pas l'écueil de simplifications et les ponsifs antiracistes qui pourraient faire penser que l'Afrique du Sud était devenue le pays de candy ( Les agents de sécurité tombant dans les bras l'un de l'autre, le gosse Noir bénéficiant de la tendresse des flics après la victoire) La réalité, même celle d'aujourd'hui n'est probablement pas celle-là
Invictus est un hymne humaniste à la fraternité d'un Républicain notoire qui a voté pour Mc Cain, pour Reagan et qui encore récemment avait promis à Michael Moore de lui casser la gueule s'il continuait de s'en prendre à son bon vieux copain Charlston Heston champion des porte-flingues. Et pourtant à la vue de ses films on le verrait plutôt du côté des démocrates. Ce paradoxe reste une énigme. Eastwood est une morceau d'ambiguïté monté sur pattes qui s'acharne à démontrer que les démocrates n'ont pas " le monopole du cœur" comme disait Giscard. Reste qu'un discours humaniste et un appel rafraichissant à la fraternité dans ce monde inquiet,égoïste et fanatique qui sent la poudre à plein nez, ça ne se refuse pas, même si par ailleurs le film est d'une facture ultra classique qu'on regrette un peu.
Invictus n'est pas un film sur le rugby, c'est le portrait d'un homme d'exception dont la personnalité peut se résumer en quelques phrases : « Merci aux dieux, quels qu’ils soient, pour mon âme indomptable. Je suis le maitre de mon destin. Je suis le capitaine de mon âme. »